Ne pas ignorer la résistance

24 février 2005

(page 2)

La répression qui a touché les lycéens mardi a fait la une des journaux télévisés du soir. Celui du service public avait même organisé un plateau avec plusieurs invités : la personne chargée de représenter le ministre de l’Éducation nationale, c’est-à-dire le recteur, une représentante d’une organisation de parents d’élèves, et une déléguée de la Ligue lycéenne.
On pourrait être étonné du ton sur lequel la résistance lycéenne était stigmatisée par le recteur et la représentante de la PEEP : "vous n’avez pas bien lu le texte de loi... ne vous sentez-vous pas manipulés ?... ce n’est pas bien d’aller dans la rue... attention, le Bac approche !!!...", disaient-ils en substance.
Ou des accusations lancées contre les lycéens : d’après les deux personnes majeures invitées, les jeunes n’ont pas lu le texte, ou alors ils l’ont mal compris. Conclusion : un travail d’explication est nécessaire, une meilleure pédagogie de la “réforme” en quelque sorte, mais on ne dit pas aux jeunes que le gouvernement veut faire passer son projet de toute façon...
Cependant, il est difficile d’être étonné. Que cela soit pour les retraites, l’assurance maladie ou les TOS, selon le gouvernement et ses amis, ceux qui sont contre sont ceux qui ont mal lu ou qui n’ont pas compris. Ce mépris du débat n’est pas nouveau : déjà en 1995, ceux qui résistaient au “Plan Juppé” n’étaient pas des êtres “raisonnables”. Alors qu’au contraire, ces personnes méprisées sont demandeuses de débats et d’informations, dans la transparence. Cela situe la responsabilité des médias, service public en particulier, pour répondre à ce besoin.
N’en déplaise à ceux qui estiment que l’application de la pensée unique du libéralisme n’a pas d’alternative, résistance ne veut pas dire ignorance.

Manuel Marchal


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus