“Non” à quoi ?

7 avril 2005

Voici quelque temps de cela, un membre du gouvernement français, dénonçant les opposants au projet de traité constitutionnel européen, avait affirmé que voter “non” au référendum, c’est voter pour Bush, le président des États-Unis, auquel beaucoup prêtent l’intention de vouloir diviser l’Union européenne, une concurrente de poids pour son pays sur le plan économique.
Mardi, c’est un membre même du gouvernement américain qui a montré la démagogie d’un tel argument. Robert Zoellick, secrétaire américain au Commerce, a soutenu implicitement la candidature du socialiste français Pascal Lamy à la direction de l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Or, Pascal Lamy est le candidat soutenu par tous les gouvernements de l’Union européenne, qui ont approuvé dans les termes actuels le projet de traité constitutionnel avant de la soumettre à ratification.
Cet exemple montre la convergence d’intérêts entre les gouvernements socio-démocrates ou conservateurs de l’Union européenne et des États-Unis. Tout cela sur la base du soutien à un candidat socialiste qui affiche clairement ses intentions de soutenir la poursuite de politiques ultra-libérales à l’OMC.
Comment peut-on alors dire que voter contre le traité, c’est voter pour le gouvernement américain ? Cet exemple montre que face à une situation chaque jour plus intenable, certains défenseurs du “oui” n’ont aucun scrupule. Mais cette attitude est en train de se retourner contre ses auteurs, comme le prouve l’installation durable du “non” en tête des sondages. Un “non” à la loi du tout-marché.

Manuel Marchal


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