Non au suicide collectif

Il est rare que les médias traitent les “faits divers” en essayant de faire réfléchir les gens sur la signification ou les causes de tel drame ou telle tragédie et sur les remèdes que la société peut apporter pour tenter de prévenir ces malheurs. Le “JIR” l’a fait ce dimanche à propos du nouveau suicide - celui d’une jeune femme de 21 ans - au pont Vinh San de Saint-Denis ; cela mérite donc d’être souligné.
Ainsi, notre confrère rappelle qu’en 2006 à La Réunion, on a recensé 3.500 tentatives de suicide - soit une dizaine par jour - et que le suicide est la 4ème cause de décès des Réunionnais. Malgré tout, regrette avec raison notre confrère, « ce phénomène reste toujours tabou sur notre île, alors que souvent ces tentatives sont de véritables appels au secours ».

Voilà effectivement un fait social très préoccupant car il engendre bien des douleurs et il est révélateur de nombreuses souffrances dans notre société. Il s’ajoute à beaucoup d’autres problèmes concrets et graves de La Réunion, hérités du passé et perpétués par le système économique et social en place.
Eh bien ce sont tous ces problèmes qui doivent en priorité préoccuper les candidats aux élections du 9 mars, plutôt que leurs ambitions égoïstes et leurs visions sectaires. Voilà le message principal du discours fondateur tenu vendredi dernier par Paul Vergès lors de sa conférence de presse sur ces élections.

Entre les différents militants politiques ou membres de la société civile réunionnaise, il a pu y avoir dans le passé des oppositions sur tel ou tel sujet ; mais tout cela est dépassé et aujourd’hui il y a une réalité nouvelle, avec de nouveaux et graves défis à relever dans l’avenir. Entre ces mêmes personnes, il peut y avoir des divergences d’idées sur les solutions à mettre en œuvre ; mais cette diversité fait aussi partie des atouts réunionnais à valoriser dans la recherche de l’unité.
L’essentiel est que chaque Réunionnais soit bien dans sa tête et dans sa vie avec les autres. Pour cela, il faut que chacun soit respecté dans ses droits et sa dignité.
Comme l’a dit Paul Vergès, cela nécessite que chacun trouve sa place dans la bataille du développement durable et solidaire, dans un partage équitable et loyal des responsabilités, dans un partenariat institutionnel qui privilégie la cohésion sociale. Sinon, nous irons vers un suicide collectif.

L. B.