Notre prochain

3 avril 2006

Quand on voit un reportage comme celui co-réalisé par l’actrice Emmanuelle Béart dans le cadre d’une mission de l’UNICEF sur le SIDA en Afrique (1), on mesure encore mieux le côté relativement secondaire de certains de nos problèmes et le côté dérisoire des polémiques qui agitent notre microcosme politico-médiatique. On ne peut oublier les chiffres monstrueux de la pandémie sur notre continent. On ne peut oublier ces visages d’enfants, de femmes et d’hommes souffrant de cette maladie, en plus de la misère, et condamnés à mort car ils sont noirs.
Ils meurent car les classes dominantes de la planète refusent de consacrer les sommes nécessaires à la prévention de la maladie et aux soins des malades. L’Organisation mondiale du commerce empêche la diffusion des anti-rétroviraux génériques.
Ce week-end, dans le cadre de Sidaction, l’ampleur de cette tragédie a été rappelée. Selon l’ONUSIDA, plus de 60% des porteurs du VIH vivent en Afrique subsaharienne, alors que cette région n’abrite que 10% de la population mondiale. Sur 40 millions de séropositifs dans le monde, près de 26 millions sont des Africains.
Pour Nana Poku, un ancien directeur de la Commission de l’ONU sur le SIDA, "le virus prend le secteur le plus productif de la société. Il tue les personnes âgées de 15 à 49 ans". Plus de 20 millions d’Africains ont perdu la vie à cause du SIDA. "Dans quelques années, il y aura plus de 30 millions d’orphelins en Afrique", ajoute Nana Poku.
On connaît ce devoir suprême : "aime ton prochain comme toi-même". C’est qui notre prochain ?

L. B.

(1) Vendredi dernier dans “Envoyé Spécial”.


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