« Nous sommes tous des migrants »

18 avril 2016, par J.B.

Au moment de sa découverte, La Réunion était une île inhabitée. Elle a donc été intégralement peuplée par des migrants venus soit par la force, ou alors dans l’espoir d’un avenir meilleur. Cette singularité a contribué à faire de La Réunion un pays avec un peuple unique, car résultat de la migration. C’est pourquoi tous les Réunionnais sont des descendants de migrants, ou alors sont eux-mêmes des migrants.

Ce message de La Réunion au monde prend un écho particulier en ce moment. En Europe, une des questions qui domine l’actualité est celle des migrants, et particulièrement la manière de les accueillir. Ces réfugiés tentent en effet d’atteindre l’Europe en raison de guerres dans laquelle les pays occidentaux porte une lourde responsabilité, ou alors parce que leur terre natale est touchée par une grande pauvreté qui découle notamment de la colonisation, à l’origine du pillage des richesses de ces pays d’émigration. L’an dernier, l’Europe avait vu arriver plus d’un million de migrants, un record depuis la seconde guerre mondiale. Le début de l’année a vu cette tendance s’accentuer. L’Union européenne a donc décidé de signer un accord avec la Turquie pour envoyer vers ce pays les migrants qui réussissent à traverser la Méditerranée au péril de leur vie, en échange d’avantages accordés à l’État turc.

Dans ce contexte, la visite du Pape François sur l’île de Lesbos était très attendue, d’autant plus qu’une des premières visites officielles du souverain pontife avait eu lieu sur l’île de Lampedusa, terre d’accueil des réfugiés qui franchissent la Méditerranée entre l’Afrique et l’Italie. Sur l’île de Lesbos sont en effet passés l’an dernier des centaines de milliers de personnes voulant s’installer en Europe. C’est également devenu un vaste camp de rétention, où des milliers de personnes sont retenues prisonnières dans le but de les exiler en Turquie.

« Vous n’êtes pas seuls », a déclaré le Pape aux 2.500 migrants du camp de Moria à Lesbos. Le chef de l’Église catholique a appelé l’Europe à assumer ses responsabilités face aux « victimes de l’exploitation » : « L’Europe est la patrie des droits humains et quiconque pose le pied en terre européenne devrait pouvoir en faire l’expérience ; ainsi il se rendra plus conscient de devoir à son tour les respecter et les défendre. »

« Pour être vraiment solidaire avec celui qui est contraint de fuir sa propre terre, il faut travailler pour supprimer les causes de cette dramatique réalité (...) Il faut développer des politiques de longue haleine, qui ne soient pas unilatérales »

Et de conclure : « L’Europe doit retrouver la capacité d’intégration qu’elle a toujours eue (…) On a besoin d’une éducation à l’intégration »

Il a également rendu hommage aux naufragés « qui ont perdu la vie en mer, victimes de voyages inhumains et soumis aux brimades de lâches bourreaux », et a jeté une couronne de fleurs à la mer.

« Nous sommes tous des migrants », a-t-il également déclaré. Il a ensuite invité 12 réfugiés à monter dans son avion qui s’est ensuite posé à Rome.

Cette visite montre qu’il existe une autre voie que celle de l’exclusion pour répondre à la question des migrations. Ce mouvement de population n’est en effet qu’un début. Les changements climatiques pousseront des centaines de millions de personnes à rechercher un autre foyer, et l’Europe ne pourra pas imaginer échapper à ses responsabilités en se retranchant derrière ses frontières.

J.B.

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