NRL : la Région Réunion a-t-elle été « Charlie » ? Elle peut le prouver...

10 mars 2015

Au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, la Région Réunion avait déclaré son attachement à la liberté de la presse. Ce positionnement n’avait pas manqué de faire sourire, étant donné le traitement réservé à Témoignages depuis l’arrivée de Didier Robert à la présidence de la Région, soit plus de 4 ans.
La Région Réunion a l’occasion de donner un contenu concret à ce soudain élan. La porte est ouverte par Ségolène Royal. La ministre de l’Écologie a proposé la tenue d’un référendum pour décider de l’avenir du chantier de l’aéroport de Notre-Dame des Landes, une infrastructure qui doit remplacer l’aéroport de Nantes. Elle considère qu’il est loin de faire l’unanimité. Déjà le Premier ministre a annoncé que tous les travaux sont suspendus en attendant le résultat des multiples recours. Le référendum permettrait de trancher définitivement la question par les personnes directement concernées par le projet d’aéroport.
Venant d’un membre du gouvernement, cette proposition a une portée considérable. Le projet de Notre-Dame des Landes a parmi ses plus importants soutiens l’ancien Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, qui était également maire de Nantes.

Les observateurs de la vie politique réunionnaise ont encore en mémoire les arguments des détracteurs du tram-train. À la différence de la nouvelle route en mer dite nouvelle route du littoral-NRL, le chantier ferroviaire ne rencontrait qu’une très faible opposition. Il y avait des personnes craignant pour leurs intérêts personnels, le volet environnemental avait été réglé par un nouveau tracé. Il ne restait alors que quelques groupuscules soutenant la campagne contre l’Alliance aux régionales.
Dans les mois qui précédaient le scrutin, des opposants au projet affirmaient que si l’Alliance était battue, alors ils allaient demander un référendum sur le tram-train. On a vu qu’au changement de pouvoir, cet argument avait soudainement disparu des médias… et c’est sans référendum que la Région Réunion a décidé de stopper le chantier, privant des milliers de Réunionnais d’un emploi assuré.

Les embouteillages quotidiens sont toujours plus importants. Ils renforcent la popularité du projet du train. La route en mer est loin de bénéficier d’une telle adhésion. Elle est la cible d’une avalanche de recours de la part d’associations connues pour être à la pointe de la défense de l’environnement ou des droits des usagers des transports. Le Conseil national de la protection de la nature a voté à l’unanimité contre le projet de NRL. Comme si cela ne suffisait pas, la justice s’en mêle avec une enquête préliminaire pouvant déboucher sur une procédure de nature pénale. La Région Réunion a même dû reconnaître que des gendarmes étaient venus à son siège pour enquêter sur l’attribution des premiers marchés de la NRL.

L’idée du référendum permettrait de sortir par le haut de cette crise. Les Réunionnais pourraient ainsi décider s’ils veulent ou pas s’endetter sur plusieurs générations pour une route de 12 kilomètres. La Région Réunion dit qu’elle est « Charlie », si elle se dit soutenant la liberté de la presse, alors elle ne peut que saluer toutes les initiatives visant à renforcer la démocratie. La proposition de Ségolène Royal au sujet de l’aéroport de Notre-Dame des Landes va tout à fait dans ce sens. La Région Réunion a donc la possibilité de saisir la balle au bond et de demander l’organisation d’un référendum réunionnais sur la nouvelle route du littoral. La Région Réunion pourra ainsi montrer qu’elle est « Charlie » jusqu’au bout des ongles…

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