Edito
NRL : le changement climatique impose d’arrêter le projet
/ 2 février 2016
Plus les années passent et plus la menace du changement climatique se précise. À La Réunion, sa principale manifestation est la montée du niveau de l’océan. Elle condamne par avance les investissements qui sont fait sur le littoral. Cela concerne tout particulièrement la route en mer, ou nouvelle route du littoral dite NRL. Pour soutenir ce projet, il faut donc croire que La Réunion sera l’exception mondiale, elle sera le seul pays à ne pas subir les effets du changement climatique.
Ces effets sont pourtant bien connus. Ils touchent notamment les pays riches de l’hémisphère Nord. C’est pourquoi les images de ces catastrophes arrivent instantanément jusqu’à La Réunion. Elles montrent en particulier les dégâts des eaux.
L’année 2015 s’est conclue par des grandes inondations en Grande-Bretagne. Dans un article paru hier, le Journal de l’Environnement annonce que le lien se fait entre ce phénomène et le changement climatique. Voici un extrait :
« Les îles Britanniques sont-elles condamnées aux inondations hivernales ? En décembre 2015, c’est le nord de l’Angleterre et l’Ecosse qui ont essuyé les plâtres. Deux ans auparavant, durant l’hiver 2013-2014, c’est le sud de l’Angleterre, particulièrement le Dorset, le Devon, le Somerset, la Cornouailles et la vallée de la Tamise, qui avait été sous les eaux, avec des dégâts estimés à 541 millions de livres (595 millions d’euros) de biens assurés.
Dans quelle mesure ces événements peuvent-ils être imputés au réchauffement climatique ? Dans un exercice de modélisation climatique publié lundi 1er février, Nathalie Schaller, de l’Environmental Change Institute à l’université d’Oxford, et ses collègues ont mené plus de 134.000 simulations comparant la situation actuelle et en l’absence d’influence humaine sur le climat.
Bilan : le réchauffement d’origine humaine accroît de 43% le risque de précipitations aussi violentes que celles qu’a connues le sud des îles Britanniques à l’hiver 2014. Cet effet est lié aux deux tiers à la capacité accrue de l’atmosphère de se charger en eau (facteur thermodynamique), à un tiers à une hausse du nombre de jours où le vent souffle d’ouest (facteur dynamique). »
Pour La Réunion, ses conclusions sont inquiétantes. Car elles expliquent pourquoi le risque de fortes pluies augmente avec le changement climatique. À la montée du niveau de la mer s’ajoute les dangers accrus à cause des cyclones et autres perturbations. Ces phénomènes font des dégâts importants sur le littoral, là précisément où 2 milliards doivent être jetés à la mer sous forme de digues et de viaducs pour une longueur totale de 12 kilomètres.
En France, le gouvernement intervient pour étudier toutes les alternatives au projet d’aéroport de Notre-Dames des Landes. À La Réunion, une telle mesure doit être lancée au plus vite, car le changement climatique fera de la NRL un danger permanent pour les dizaines de milliers de personnes qui devront quotidiennement l’emprunter.
J.B.