’Offensive néo-coloniale’

28 décembre 2005

Les médias et responsables politiques à La Réunion ont-ils analysé toutes les conséquences réunionnaises de la 6ème conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (O.M.C.), qui s’est terminée le dimanche 18 décembre dernier à Hong Kong ? En effet, l’accord conclu in extremis lors de ce Sommet accentue les déréglementations libérales mises en place dans tous les échanges commerciaux sur la planète ces dernières années. Et cela posera de gros problèmes aux pays fragiles du Sud, en particulier les petits territoires insulaires comme le nôtre.
Comme l’explique le chercheur Raoul-Marc Jennar, "la priorité absolue donnée au dogme du libre-échange est source d’accroissement des déséquilibres mondiaux". Et de citer l’accord conclu il y a quelque temps déjà au sein de l’ALENA, la zone de libre-échange nord-américaine : avant la signature de cet accord, "le Mexique était autosuffisant et exportait même des produits agricoles. Aujourd’hui, ce pays est devenu un importateur net. Ses agriculteurs n’ont pas pu résister à la concurrence de l’agrobusiness américain. Cela a signifié la mise en faillite de très nombreuses petites exploitations familiales et la perte de dizaines de milliers d’emplois dans les campagnes. La libre concurrence en cette matière revient à mettre en compétition sur un ring de boxe un poids lourd face à un poids plume".
C’est pourquoi le chercheur trouve "mauvais" l’accord de Hong Kong. "Les normes imposées pour l’ouverture des marchés des services et des biens manufacturés font penser à une sorte de néo-colonisation au profit des grands groupes du Nord", dit-il.
Cela nous donne une idée du défi à relever pour faire face à cette "offensive néo-coloniale", notamment sur l’avenir de notre filière canne.

L. B.


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