On ne refait pas l’histoire par une opération cosmétique

9 juillet 2013, par J.B.

"Le Quotidien" consacre son dossier d’hier, au 8e Congrès du PCR. Dans un encadré, un commentaire souligne « la mue tardive » du PCR, c’est-à-dire « montrer un nouveau visage » . Le journaliste pense que s’il avait choisi de se « réaménager il y a 3 ou 4 ans » , il aurait évité le départ de contingents de déçus. Remarques.

Tout d’abord, il faut noter des reportages relativement complets ainsi qu’une bonne couverture des 3 jours. Il y a longtemps que les médias n’avaient pas accordé une telle place au PCR. Jusqu’à maintenant, ce dernier voulait éviter de tomber dans le rituel organisationnel, mais faire du Congrès, l’instance suprême des adhérents, l’aboutissement de plusieurs années de réflexion et d’expérimentation pour un départ historique.

Le Congrès portait une ambition pour le pays. Entre temps, le renouvellement de cadres était constant. Dans un certain sens, la preuve de la diversité fut apportée par ceux-là mêmes qui sont partis après avoir obtenu d’importants postes électifs. Cependant, tout s’est passé comme si le pouvoir de diriger les institutions coloniales leur octroyait des droits sur l’organisme d’émancipation politique oeuvrant pour tout le pays, depuis des dizaines d’années. Par exemple, le simple fait de demander à Yolande Pausé et Daniel Allamélou de respecter leur parole les a transformés en adversaire.

Le PCR n’entretient aucune illusion sur les limites du régime néo-colonial et de ses attributs. Pour ceux qui connaissent le fonctionnement du PCR, tous les élus sont des militants appelés à partager collectivement pour élaborer la ligne politique.

Un simple regard dans le rétroviseur montre que le PCR avait engagé une grande et ambitieuse réforme en participant à la construction d’une structure de rassemblement, une organisation d’une ère nouvelle, qui allait de facto obliger le PCR à tirer les enseignements du processus historique pour son propre progrès. Mais, en donnant la priorité à la gestion des institutions et au partage de la pénurie, d’une part, aux postures honorifiques du modèle combattu, d’autre part, les élus ont creusé un fossé toujours grandissant dans la compréhension d’une ligne qui nécessitait une évaluation constante.

L’insuffisance de débat, à l’intérieur du parti avec les militants sur la démarche de l’Alliance, n’a pas permis la clarification nécessaire dans une période obligatoirement compliquée. La responsabilité en revient à tous les cadres, à tous les échelons. Mais, il était commode de pointer les dirigeants historiques. Dans la période actuelle d’apparence confuse, aucun « changement de tête » ne pourra sauver le PCR, s’il s’écarte de l’union des générations, car il ne serait pas crédible pour unir les générations de Réunionnais. La mue est fondamentalement idéologique. La tâche est lourde, car on ne refait pas l’histoire par une opération cosmétique.

Ary Yee Chong Tchi Kan

Parti communiste réunionnais PCR8e Congrès du PCR

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