Où sont les communistes ?

20 juillet 2020, par Philippe Yee-Chong-Tchi-Kan

Un observateur avisé du paysage politique réunionnais me demandait récemment « Pourquoi tant de personnes qui ont grandi politiquement au PCR n’y sont plus ? ».
Il est vrai que beaucoup d’élus d’aujourd’hui, sur tout l’échiquier politique réunionnais, ont commencé leur « carrière » au PCR. Dis positivement : « au cours de ses 60 ans, le PCR a beaucoup essaimé, tant au niveau humain qu’idéologique ! ». Le constat est réel.

À la question posée, on peut apporter une réponse statistique. La vie politique réunionnaise a longtemps été marquée par la dichotomie Vergès-Debré. On était ou chez l’un ou chez l’autre. Donc, la probabilité que les générations actuelles soient issues de l’une des deux familles est naturellement élevée. Puis, l’offre politique s’est tout simplement diversifiée depuis les années Mitterrand.
Mais pour être tout à fait honnête, d’autres réponses s’imposent.

La première demeure arithmétique. Le PCR a « produit » nombre de cadres légitimement fondés à exercer des responsabilités électives. Mais les postes étant limités, certains ont tenté leur chance sans l’aval du parti. Puis, ils n’ont pu ou bien ils n’ont su ou encore ils n’ont plus voulu revenir « dans le giron originel ». Il n’y a rien à regretter. L’histoire et la conscience personnelle sont seules juges.
Une deuxième réponse, d’ordre organisationnel, aggrave cette arithmétique. Les sections du parti s’assimilaient souvent à des baronnies où la différence d’opinion valait opposition au cacique et était sanctionné de bannissement. Le 7e Congrès et le Conseil de la Reconstruction avaient pour ambition de corriger cela. Quoi de plus naturel que les cadres, non reconnus par leurs pairs, s’en aillent ?

Une troisième réponse relève du casting électoral. La direction du parti a fait élire des personnes qui se sont révélées éhontément ingrates. Après avoir bénéficié du travail des militants, ces élus se sont détournés du PCR, jusqu’à revendiquer n’y avoir jamais adhéré.
Au final, il demeure au PCR les militants les plus foncièrement dévoués au parti et à ses dirigeants. Pour combien de temps ?

Philippe Yée Chong Tchi Kan

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