Panique à bord d’Air Austral

25 février 2015, par J.B.

Au mois de novembre dernier, Témoignages avait publié plusieurs éditoriaux dans lesquels nous annoncions que toutes les manifestations organisées par Didier Robert au sujet de la continuité territoriale n’étaient qu’un paravent pour tenter de masquer de graves problèmes au sein de la compagnie. Trois mois plus tard, notre thèse se vérifie. Et c’est même Didier Robert qui est contraint d’annoncer lui-même son prochain départ de la présidence d’Air Austral. Cela ne trompe personne, si tout allait bien pourquoi partir ?

En 2011, le président de la Région avait voulu pousser Paul Vergès hors de la direction d’Air Austral. Il avait tout d’abord éjecté Nassimah Dindar de la présidence de la SEMATRA pour prendre sa place. Puis s’appuyant sur son titre de président de l’actionnaire de référence, il avait réussi à s’octroyer la présidence d’Air Austral en janvier 2012. Cela avait entraîné le remplacement des Réunionnais à la direction de la compagnie. Marie-Joseph Malé était employé d’Air France avant de devenir directeur d’Air Austral à la place de Gérard Ethève.
Trois ans plus tard, c’est l’heure du bilan.

L’entêtement de Didier Robert à vouloir à tout prix remplacer Paul Vergès, doublé de sa boulimie de pouvoir illustrée par le cumul des présidences de la Région, de la SEMATRA et d’Air Austral a conduit à la situation suivante : un cadre venu d’Air France va devenir le PDG d’Air Austral.
La stratégie d’Air Austral ne sera donc plus sous la responsabilité d’un élu réunionnais. Cette spécificité s’expliquait par la raison d’être de la compagnie. Air Austral a été créée pour désenclaver La Réunion, pas pour faire voyager les gens. Toute sa stratégie s’est orientée en fonction de cet objectif, et la présence d’un élu réunionnais à la tête de la compagnie était une garantie du respect de cet objectif.

La présidence de Didier Robert a vu la restructuration du capital de la compagnie. La SEMATRA en détient désormais 98 % grâce à un coup d’accordéon qui a laissé sur le carreau les partenaires privés. Pour se faire, la SEMATRA a injecté 67 millions d’euros dans le capital. Trois ans plus tard, aucun actionnaire privé n’est venu soutenir la SEMATRA. La conférence de presse d’hier a laissé entendre que le ticket d’entrée ne se fera pas à n’importe quel prix. C’est donc la preuve de discussions. Jusqu’où la SEMATRA est-elle prête à négocier ?

Enfin, la présidence de Didier Robert a été marquée par le développement considérable d’une subvention déguisée destinée à quelques compagnies aériennes : Air Austral, Air France, Air Mauritius, Corsair et depuis plus récemment XL Airways. Cette subvention déguisée s’appelle le dispositif de continuité territoriale.
L’an dernier, la Région Réunion a dépensé 24 millions en bons de réduction sur les billets d’avion. Ces 24 millions d’argent frais se répartissent entre les compagnies aériennes. Malgré cette manne, et la baisse conjoncturelle du prix du pétrole, Air Austral peine à réaliser un résultat positif. Cette aide massive des pouvoirs publics interroge donc sur la pertinence du modèle économique.

Bref, le plus dur reste à venir et c’est panique à bord d’Air Austral...

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