Paris se prépare aux inondations, la Région Réunion veut une route en mer

8 mars 2016, par J.B.

5 millions de personnes sinistrées, 400.000 emplois menacés, 1,5 million de personnes privées d’électricité, 30 milliards d’euros de dommages. Quelle région du monde pourrait subir un pareil cataclysme ? Paris, tout simplement.

Depuis hier, la France organise dans sa capitale un grand exercice de protection civile. Il vise à préparer l’éventualité d’un événement qui a déjà eu lieu : la crue centennale, celle qui a une possibilité sur cent de se produire. Sur de vieilles cartes postales, et dans des livres d’histoire, des photos montrent des Parisiens se déplacer en bateau dans des rues inondées, ou aller d’un immeuble à l’autre sur des ponts de planches improvisés. C’était en 1910, la dernière crue centennale. Elle avait duré 7 semaines.

Depuis cette date, des installations ont été construites pour maîtriser le cours de la Seine qui traverse Paris. Mais les importants lacs de retenue pour contenir les flots du fleuve et de ses affluents n’empêcheront pas ce que les autorités jugent inéluctables : une crue comparable à celle de 1910.

Le Paris du début du 20e siècle était bien différent de celui d’aujourd’hui. La région parisienne était beaucoup moins peuplée, l’urbanisation était moins importante. Le but de cet exercice est donc de se préparer à anticiper deux certitudes. La première, c’est que la crue de 1910 se reproduira. La seconde, c’est qu’elle fera beaucoup plus de dégâts.

La Réunion est sur la trajectoire de phénomènes beaucoup plus intenses que la crue de la Seine, ce sont les cyclones et leurs records de pluviométrie. Depuis quelques années, des cyclones dévastateurs se sont abattus sur des terres habitées aux Philippines, aux Vanuatu et aux Fidji. Le 4 mars dernier, la dernière conférence de presse du Parti communiste réunionnais avait rappelé que 25 % de la population vit dans des zones à risque. Les effets des cyclones très intenses sont connus à La Réunion. Celui de 1948 avait transformé la ville de Saint-Leu en un lit de rivière. C’est pourquoi des équipements tels que le collège ou la gendarmerie ont été construits à Piton Saint-Leu, loin de la menace des vagues et des ravines en crue.

À Paris, une grande campagne d’information a lieu pour que la population puisse anticiper. À La Réunion, le plus gros investissement a lieu dans la zone de tous les dangers, le littoral. Imagine-t-on l’impact d’un cyclone aussi intense que celui qui s’est abattu cette année sur les Fidji sur la NRL ? Quelles seront les conséquences pour les Réunionnais qui n’ont pour seul moyen de communication que des routes franchissant des radiers submersibles ? Pendant que Paris adapte sa politique au risque climatique le plus grave, la Région Réunion veut construire une route en mer. Pourtant, la France et La Réunion se situent sur la même planète. Comment expliquer une telle différence d’appréciation ?

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