Pas de voix réunionnaise au Conseil des ministres de la COI

2 mars 2017, par J.B.

Depuis 2014, la régression du statut de La Réunion au sein de la Commission de l’océan Indien a été officiellement consacrée. Le nom de notre île n’apparaissait pas dans la déclaration finale du Sommet des chefs d’État et de gouvernement. Le déroulement du 32e Conseil des ministres de la COI organisé hier à Saint-Denis a confirmé ce fait. C’est un ambassadeur basé à Paris qui menait les débats. Aucun Réunionnais n’était à la tribune, et aucun Réunionnais n’a pris la parole lors des cérémonies officielles. Or, la COI n’est pas d’une importance aussi stratégique pour la France que pour La Réunion.

L’attitude du représentant de la France a fait tourner cette orientation à la caricature. Au terme d’un voyage de 10.000 kilomètres, c’est lui qui a souhaité la bienvenue à nos voisins. Lors des interventions des ministres des Comores, de Madagascar, de Maurice et des Seychelles, le secrétaire d’État semblait plus occupé à regarder les informations défilant sur son téléphone qu’à écouter les discours. Or, c’est tout de même lui qui était jusqu’à hier le président de la COI. Le comble a été atteint lors de la conférence de presse. Jean-Marie Le Guen a publiquement avoué sa méconnaissance d’un projet qui était à l’ordre du jour du Conseil, et pour lequel il venait de signer juste avant au nom de la France, et donc de La Réunion, une charte d’engagement.

Cette attitude est inquiétante. Est-elle révélatrice de la manière dont les intérêts réunionnais sont défendus par la France dans la COI ? Que doivent penser nos voisins d’une telle apparente désinvolture ?

Rappelons que la présence de la France au sein de la COI est singulière. La COI est la concrétisation sous forme étatique de conférences de partis progressistes de pays décolonisés. C’est ainsi que la COI était au départ une organisation rassemblant uniquement des États qui avaient fait leur décolonisation. À La Réunion, la décolonisation a été faite sous une autre forme que l’indépendance. Elle est intégrée à la République. C’est ce qui a permis à la France, ancienne puissance coloniale, d’intégrer une organisation constituée d’États riverains de l’océan Indien issus de la décolonisation.

Mais aujourd’hui, les Réunionnais sont réduits au silence. Le résultat est désastreux, car ce sont les premiers concernés par les décisions prises au sein de la COI.

J.B.

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