Edito
Paternalisme et relents coloniaux de la part des représentants de l’Etat
/ 20 novembre 2020
Même si cela se retrouve à chaque fois que l’Etat est discrédité par les Réunionnais, qu’il s’agisse ces dernières années des Gilets Jaunes ou du COSPAR par exemple, force est de constater que, depuis le début de la crise COVID, les relents paternalistes et coloniaux se font de plus en plus marquants.
Même si cela se retrouve à chaque fois que l’Etat est discrédité par les Réunionnais, qu’il s’agisse ces dernières années des Gilets Jaunes ou du COSPAR par exemple, force est de constater que, depuis le début de la crise COVID, les relents paternalistes et coloniaux se font de plus en plus marquants.
Cela est tout d’abord explicable par les intervenants des institutions qui sont sélectionnés pour s’adresser à nous dans cette situation de crise.
En l’occurrence, nous avons en permanence, ce qui est logique pour un Etat effectuant une néo-colonisation de notre territoire, à des intervenants blancs, français, des zoreys donc.
Cette situation est malheureusement logique, et représente bien le fait que les Réunionnais, à cause d’un Etat néo-colonisateur peinent à accéder aux plus hautes responsabilités dans notre pays.
Mais si les intervenants renvoient par ce fait une image déjà colonisatrice qu’ils pourraient tenter d’atténuer, la situation est aggravée par le fond et la forme de leurs interventions.
Prenons ainsi les prises de parole des représentants de l’ARS, qui ont lieu plusieurs fois par semaine, et celle du préfet de vendredi dernier
Pour l’ARS, alors que nous pourrions avoir un point de vue objectif sur la situation sanitaire de l’île - ce qui est demandé par la population - nous avons à la place une personne nous menaçant à chaque fois de sanctions de plus en plus importantes car nous ne respecterions pas les consignes édictées, et s’adressant à nous tels à des enfants ayant fait des bêtises. Un ton paternaliste donc, et qui n’est semble-t ’il pas efficace au vu de la diffusion du virus.
Ce côté paternaliste et colonial s’est retrouvé clairement accentué avec l’intervention du préfet vendredi dernier, qui, non content de nous menacer, nous condamne pour notre irresponsabilité individuelle.
On passera sur le fait qu’un haut représentant de l’Etat mette la faute sur les individualités de la propagation du COVID-19, alors même qu’il s’agit de la responsabilité de l’Etat de fermer l’aéroport par exemple ou encore de choisir de financer notre système de santé à hauteur des besoins nécessaires.
Là où l’on voit déjà que le fond du discours pose problème, la forme aggrave encore plus ces relents coloniaux et paternalistes.
En effet, quelle est l’utilité d’avoir fait un direct à 19h, en fin de semaine, si ce n’est pour se faire passer pour un père la menace, qui peut par son pouvoir patriarcal asseoir son autorité sur l’ensemble du peuple-enfant qu’il « gouverne » ?
Et enfin, quelle est l’utilité d’évoquer le mécontentement du ministre, si ce n’est pour nous montrer la légitimité de son action validée par le représentant des « petits peuples » colonisés et néo-colonisés, dont on rappellera le mépris de la part de nos gouvernants d’avoir nommé quelqu’un censé nous représenter non-issu de l’un de nos pays respectifs ?
Ainsi, le fond comme la forme des discours du préfet et des représentants de l’ARS nous montrent bien que l’Etat patriarcal et donc néocolonial n’est pas mort et a tendance à réapparaître sous sa forme la plus détestable lorsque l’Etat est discrédité dans son action. A nous de dénoncer leurs propos et de lutter pour la fin de cette situation néocoloniale qui n’a que trop duré.
Mathieu Raffini