Peurs sociales

6 août 2005

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Une bagarre entre jeunes, en plein jour, jeudi à La Saline, semble avoir réveillé la peur sociale, ingrédient dont les médias sont toujours aussi friands. Quelques jours plus tôt, des échos de cette peur s’étaient exprimés après le meurtre, par son fils, d’un septuagénaire tamponnais : les voisins de la victime auraient trouvé “dangereux” le fait que, pendant près de 24 heures après ces faits sanglants, le meurtrier présumé ait pu vaquer à ses affaires, dans son quartier, sans être inquiété par les forces de l’ordre. Comme si quelqu’un qui vient de régler dans le sang un différend avec un proche devait être nécessairement dangereux pour des indifférents.
Quant aux affrontements entre jeunes, ils sont rarement aussi fortuits qu’ils en ont l’air. Est-on bien sûr que les “prétextes” avancés sont réellement les bons ? Qu’il n’y a pas des causes plus profondes et - malheureusement - structurellement plus durables ?
Le plus remarquable, dans ces dérapages violents, est qu’il reste des “dérapages” précisément. Des actes marqués du sceau de l’exception, même lorsque leurs auteurs vivent des conditions sociales extrêmement frustrantes. En tout cas, au lieu d’attendre le pire pour leur envoyer les gendarmes ou la police, il serait plus utile et urgent de créer les postes de travailleurs sociaux qui font défaut, pour un accompagnement de prévention et d’orientation de la jeunesse. C’est elle qui subit de plein fouet le manque de travail et le manque de logements. Et l’on voudrait que ce gaspillage soit sans dommage ?
Au lieu de cultiver inutilement des peurs sociales, que les détenteurs du pouvoir s’attaquent aux violences sociales constituées par la coupure de la société en deux mondes.

P. David


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