Plan pauvreté, le compte n’y est pas

6 avril 2021, par David Gauvin

En septembre 2018, le président Macron lançait le plan pauvreté, présenté comme la jambe sociale du quinquennat. Le dernier apport du comité d’évaluation, rendu public le 2 avril, dresse un bilan mitigé. Evidemment le Président des riches ne saura jamais s’occuper aussi bien des petites gens que des puissants et des nantis.

« La Réunion est bien plus concernée que la métropole par ces situations : la pauvreté y est nettement plus répandue, avec 38 % de la population vivant sous le seuil de pauvreté monétaire contre 14 % en métropole. Ces difficultés se traduisent, plus qu’ailleurs, par des problèmes pour régler dans les délais des factures courantes. Ainsi, en 2018, 18 % des ménages n’ont pas pu payer à temps leurs factures d’eau ou d’électricité, soit trois fois plus qu’en métropole (5 %). Les retards de règlement des loyers sont aussi plus fréquents sur l’île (10 % contre 4 %) », selon l’INSEE dans son rapport de l’année dernière.

Le plan pauvreté adopté en 2018 ressemble à un catalogue à la Prévert. Mais nous pouvons citer les principales mesures. Un « revenu universel d’activité » se substituera « au maquis » des prestations sociales, un système plus simple et plus lisible qui doit favoriser la lutte contre le non-recours. Comme le préconisait un rapport de la Délégation à la prévention et à la lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes remis en mars, des petits-déjeuners vont être proposés aux élèves d’écoles primaires situées en zone prioritaire. Autre mesure concernant la petite enfance, un mécanisme d’incitation va être mis en place en direction des communes les plus fragiles de moins de 1.000 habitants pour appliquer une tarification sociale de la restauration scolaire avec un plafond du barème le plus bas à 1 euro le repas.
Conformément à une convention signée en juillet, un système de financement « bonus » pour les crèches qui accueilleraient davantage d’enfants de familles défavorisées ou en situation de handicap va être mis en place. Emmanuel Macron a dit vouloir créer avec l’ensemble des collectivités et des acteurs « un véritable service public de l’insertion » offrant un guichet unique, avec une première étape au premier trimestre 2019 débouchant sur le vote d’une loi en 2020. Va être dans ce but créée une « Garantie d’activité » combinant accompagnement social renforcé et insertion dans l’emploi pour 300.000 allocataires du RSA par an, qui seront suivis par Pôle emploi et des opérateurs privés. L’aide sociale à l’enfance (ASE) sera étendue jusqu’à 21 ans pour empêcher que des jeunes ne se retrouvent sans solution d’accompagnement à la sortie de l’ASE à 18 ans.

Malgré ces difficultés d’évaluation, le comité constate que, sur les 35 mesures seulement quatre ont été mises en place. Parmi elles, la revalorisation de la prime d’activité et l’octroi systématique d’une complémentaire santé pour les bénéficiaires du RSA. Force est de constater que deux ans après, la lettre d’intention est restée lettre morte. Pendant ce temps-là, la pauvreté progresse. Il est temps de changer de braquer, mais aussi de méthode. Les plans définis à Paris et soumis aux fourches caudines du ministère des finances n’ont jamais fonctionné. Dans le cadre de la conférence territoriale, il conviendra d’établir une stratégie réunionnaise de lutte contre la pauvreté. Cette stratégie doit se donner comme objectif d’éradiquer l’extrême pauvreté d’ici 5 ans et la pauvreté tout court d’ici 2030.

L’enfance, après tout, est le premier bien précieux que la pauvreté vole à un enfant. Anthony Horowitz

Nou artrouv’

David Gauvin

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