Pluies et chikungunya

20 février 2006

Les fortes pluies qui se sont abattues sur La Réunion au cours du week-end ont confirmé deux carences essentielles dans les politiques suivies jusqu’à présent par les différents gouvernements. Et ces carences - aux conséquences multiples, parfois graves - sont les mêmes que celles malheureusement mises au jour par l’épidémie de chikungunya.
Il s’agit premièrement du manque d’anticipation et de prévention des problèmes liés à notre situation ; deuxièmement, le fait que la politique inégalitaire menée par l’État entraîne davantage de souffrances et de victimes dans les catégories sociales les plus fragiles.

Sur le premier point, il est clair que la politique d’aménagement du territoire, d’équipement, d’habitat et de déplacements n’est pas adaptée aux réalités géographiques de La Réunion. Depuis des dizaines d’années, on n’arrête pas de construire n’importe où et n’importe comment ; on n’endigue pas les cours d’eau ; on laisse la terre partir à la mer ; on ne fait presque rien pour retenir l’eau de pluie ; les réseaux d’eau potable et d’électricité ne répondent pas aux besoins, de même que le réseau routier livré au tout-automobile ; les logements ne sont pas adaptés au climat et d’une manière générale on ne tient pas compte des dégâts des eaux dans un tel contexte.

Sur le second point, on voit bien que ce sont avant tout les personnes les plus défavorisées qui souffrent le plus de ces problèmes : logements emportés ou inondés, coupures d’eau et d’électricité etc. La Réunion est coupée en deux pour les revenus, elle est coupée en deux pour les conséquences des fortes pluies. Aux inégalités de revenus, les pouvoirs publics ajoutent des inégalités de traitement en matière de droit au logement et de sécurité.

Si les gouvernants tenaient compte des propositions émises par les Réunionnais depuis la publication du “Plan de survie” par le PCR en 1975, en serions-nous là ?

L. B.


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