Politique sociale : le président de la République remet en cause la solidarité

14 juin 2018, par J.B.

Le président de la République a tenu hier un discours sur son projet de politique sociale. La remise en cause des avancées obtenues depuis le Front populaire et le Conseil national de la résistance est confirmée. En effet, d’après le chef de l’État, le système social français a besoin d’une « refondation radicale » d’une « révolution profonde » pour « rendre les droits effectifs », insiste le président de la République. « Cette voie ne se règle pas simplement par des promesses budgétaires », a-t-il dit, précisant que « la solution n’est pas de dépenser toujours plus d’argent, ou de considérer qu’il y aurait d’un côté ceux qui croient dans la transformation sociale et qui aligneraient les lignes de crédit et ceux qui n’y croient pas et qui seraient forcément pour en réduire les dépenses. »

Plutôt que de renforcer la solidarité, le président de la République indique quels pourraient être les axes de sa politique sociale. Tout d’abord la « prévention », « qui attaque les inégalités avant qu’il ne soit trop tard ». Ensuite l’universalité, « qui donne les mêmes droits à chacun de manière transparente ». Enfin, la dignité, le chef de l’État rappelle que le travail est une « clé de l’émancipation ».
Puis il a indiqué que 50 % des allocataires du RSA le sont toujours quatre ans après leur première demande. « Nous avons créé un système qui s’est progressivement déshumanisé. On a pensé que la réponse à l’exclusion et la pauvreté c’était de l’argent ».

Le président de la République annonce un nouveau virage. La solidarité s’explique par le fait qu’elle est là pour corriger les inégalités inévitables engendrées par le système capitaliste. C’est un dédommagement versé aux victimes. Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, le capitalisme était sorti fragilisé du conflit qu’il avait provoqué. C’est dans cette fenêtre de tir qu’il a été possible de créer la Sécurité sociale. Mais pour la classe la plus privilégiée par le système, la création d’une politique sociale basée sur la solidarité avait alors été très mal vécue. Elle est aujourd’hui en train de prendre sa revanche, avec l’arrivée au pouvoir d’une idéologie où les pauvres ne sont pas les victimes du capitalisme, mais sont responsables de leur situation. Car tel est le but final d’une telle politique. Car qui peut croire qu’il soit possible de « s’attaquer aux inégalités avant qu’il ne soit trop tard » dans un système capitaliste qui ne peut pas exister sans inégalités ?

J.B.

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