Pour éviter les dérapages

9 décembre 2004

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Franck-Olivier Lachaud, secrétaire général de la Préfecture, affirme qu’il serait intéressant d’avoir un débat démocratique et serein sur le problème des migrations à La Réunion. Il a raison et il rejoint là le point de vue d’un grand nombre de Réunionnais qui demandent depuis de nombreuses années la mise en œuvre d’une politique de co-développement régional, dans laquelle notre île apporterait toute sa contribution avec les peuples frères de l’océan Indien.
Un tel débat est d’autant plus nécessaire quand on voit les différents obstacles qui sont mis à la libre circulation des personnes entre les pays voisins et La Réunion. Ou quand on voit les difficultés de ces citoyens - souvent même des parents de Réunionnais - pour obtenir des visas de séjour dans l’île.

On a vu aussi comment l’incompréhension s’est manifestée récemment chez les Réunionnais devant les trois dernières affaires de reconduite à la frontière. Cette incompréhension et la protestation qui s’en est suivie étaient légitimes, puisque deux victimes de mesures répressives - Ahmed Andhumoudine et Achata M’Madi - ont finalement obtenu satisfaction. Et que la jeune étudiante Marie-Naoisa Zaranomy doit toujours se cacher comme un dangereux malfaiteur pour ne pas être expulsée de La Réunion.

On nous propose un débat pour éclairer tout cela. Eh bien, prenons les moyens de l’organiser. Car il s’avère nécessaire. Sinon, on va continuer à courir sur le fil rouge des dérapages.
Ces dérapages ne manquent déjà pas, hélas. Comme les propos racistes entendus sur certaines ondes. Ou encore lorsqu’en sortant de la préfecture, on a dit à la maman d’Ahmed qu’il faudra recourir à une analyse d’ADN pour prouver le bon droit de son fils de continuer à vivre à La Réunion. C’est la première fois depuis la dernière guerre mondiale et l’horreur des camps qu’on parle d’organiser la traçabilité d’êtres humains...

L. B.


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