Pour une garantie de l’emploi et non un revenu garanti

24 septembre 2021, par David Gauvin

Déjà testée dans plusieurs pays, la garantie d’emploi universelle pourrait être un outil efficace contre le chômage et la pauvreté, notamment à la Réunion.

Il ne sature pas les services de réanimation et n’appelle pas de mesures de confinement, pourtant le chômage agit dans le monde à la manière d’une épidémie silencieuse, causant des dégâts sévères à la fois sur ceux qui en sont victimes et sur les tissus sociaux plus largement. Or, contre le chômage, on n’a pas tout essayé. Voire, on l’a accepté comme un rouage essentiel du capitalisme, ainsi que l’a théorisé Karl Marx pour qui les effectifs de chômeurs constituent une armée de réserve industrielle.

A l’occasion de la crise sanitaire, la montée en flèche du chômage a été évitée en Europe grâce à l’utilisation massive du mécanisme de chômage partiel qui avait déjà fait ses preuves en Allemagne lors de la crise financière de 2008. Après avoir bondi aux Etats-Unis au début de la crise du Covid, le chômage reflue désormais, porté entre autres par les décisions de relance de Joe Biden. Mais le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu : son spectre plane encore sur l’économie mondiale, en particulier sur les pays les moins avancés et les populations les plus fragiles où qu’elles soient, à savoir les jeunes, les travailleurs peu qualifiés et les femmes.

Le principe est d’une simplicité confondante et d’une efficacité redoutable. L’État garantit le plein emploi en se portant employeur en dernier recours. Une proposition facilement finançable, capable d’obtenir un large consensus au-delà des clivages politiques traditionnels, et radicale en termes de potentiel de transformation de la société. Tout part d’un constat implacable : la France compte 5,5 millions de demandeurs d’emploi, ce qui constitue un formidable gaspillage de ressources humaines et financières, un véritable gâchis de potentiel productif.

Or, du travail, il en existe en quantité inépuisable. La société manque de tout, il suffit d’ouvrir un journal pour s’en rendre compte. Pas assez d’aides-soignantes, d’opérateurs du SAMU, d’accompagnateurs de fin de vie et de places en crèche. Pénurie d’instituteurs et de surveillants d’école, manque de personnel pour assurer le soutien scolaire, files d’attente dans les administrations… Sans parler des innombrables besoins de main-d’œuvre pour réaliser l’isolation thermique des bâtiments, nettoyer le littoral, dépolluer les campagnes, recycler convenablement les déchets, assurer la sécurité de tous, accompagner une transition vers de l’agriculture soutenable, nettoyer les espaces publics, aménager les parcs nationaux et espaces verts, rénover les infrastructures…Le problème du chômage ne provient pas d’un manque de travail, mais simplement d’un manque d’emplois. Toutes les tâches que nous venons de décrire (et combien d’autres) seraient indiscutablement utiles, mais elles ne sont pas nécessairement rentables. On a voulu sauvé les grandes entreprises quoi qu’il en coute, on peut donc sortir aussi du fléau du chômage quoi qu’il en coute aussi.

« Les chômeurs forment l’armée de réserve du capitalisme. »Karl Marx

Nou artrouv’

David GAUVIN

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