Pourquoi cacher le “non” ?

30 avril 2005

Dans notre édition d’hier, nous évoquions le rôle joué par les médias les plus écoutés, lus ou regardés en France, dans le déroulement de la campagne référendaire. Leurs actes tendent à nous montrer qu’ils agissent de concert avec les dirigeants politiques et économiques qui prônent d’autant plus le “oui” qu’ils œuvrent depuis longtemps à la concrétisation d’une "concurrence libre et non faussée". Et nous terminions en posant la question : qu’en est-il à La Réunion ?
Il a fallu très peu de temps pour avoir un début de réponse. Dans leurs éditions d’hier, “Le Journal de l’île” et “Le Quotidien” ont très largement sous-estimé l’affluence au meeting de la salle Candin jeudi. Tout comme le service public d’information, ils annoncent 300 personnes, soit moins de la moitié du nombre de chaises nécessaires pour accueillir tous les participants. Cette sous-estimation sert de fond à un article, car elle permet d’écrire que "le “non” n’a pas fait recette", selon le “JIR”.
Dans un autre registre, la manière de présenter la décision prise par l’OMC à l’encontre du protocole sucrier européen dans les colonnes du “Quotidien” n’est pas non plus innocente. Pourquoi affirmer en “une” que "La Réunion est protégée" des conséquences de la décision de l’OMC alors même que l’article qui s’y réfère, en page intérieure, est truffé de points d’interrogation qui mettent en doute cette affirmation péremptoire ? C’est d’autant plus grave que l’on sait déjà que l’U.E. propose, pour être en accord avec l’O.M.C., de diminuer de 37% le prix du sucre - et donc les revenus des planteurs.
La décision de l’OMC illustre le résultat de "la concurrence libre et non faussée" que certains voudraient ériger en principe constitutionnel de l’Union européenne. Mais il ne faut pas que les Réunionnais le sachent, ils pourraient voter “non” le 29 mai prochain !

Manuel Marchal


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