La Réunion vient de sortir d’un conflit social extrêmement dur et tendu, marqué notamment par des dégâts collatéraux dont on n’a pas encore mesuré toute l’ampleur sur le plan humain, économique et social. Et l’on n’a pas fini de subir les effets catastrophiques de la façon dont ce conflit a été géré par certaines autorités de l’État et par leurs alliés du patronat.
En dehors des calomnies, des injures et des menaces scandaleuses lancées contre des élus Réunionnais dans le cadre de cette gestion, qu’est-ce qui est à la base de la durée incompréhensible de cette crise ? C’est le manque de transparence et l’absence d’équité sur les prix du gaz et des carburants.

Pendant les cinq jours de barrages routiers par des patrons transporteurs, on a dit n’importe quoi contre n’importe qui. Finalement, le préfet a reculé devant l’impasse causée par ces troubles et, comme c’est de sa compétence, il a fini par imposer en deux étapes 10 centimes de baisse par litre de carburant.
Mais contrairement aux promesses faites par le secrétaire d’État à l’Outre-mer, on ne connaît toujours pas la vérité sur la formation des prix des produits pétroliers, des prix qui permettent à des spéculateurs de s’en mettre plein les poches. Des sur-profits dénoncés par le ministre lui-même.

On a eu une nouvelle preuve de cette injustice hier au Port, où les représentants de 25 associations citoyennes réunionnaises ont été reçus par les patrons de Société Réunionnaise des Produits Pétroliers. Mais c’est toujours l’opacité sur ce problème et certaines personnes n’ont pas encore tiré toutes les leçons du récent conflit car elles refusent de dire la vérité à l’opinion.
Comme l’a rappelé Jean-Hugues Ratenon au nom de ce collectif, le cours du pétrole brut continue de dégringoler ; mais à La Réunion, les prix des carburants à la pompe ne baissent pas comme ailleurs dans la zone ou en France. Et sur le prix du gaz, aucune explication. Les pétroliers continuent donc à faire de gros bénéfices. Cette richesse est à partager, conclut le responsable d’Agir Pou Nout Tout.

Si l’on ne veut pas ouvrir la porte à une nouvelle crise aux graves conséquences pour toute la population, il faut se serrer les coudes et renforcer la cohésion sociale par la solidarité. Tant qu’une partie de la population aura le sentiment d’être roulée dans la farine par des nantis, on risque de connaître de nouveaux drames et tracas.
D’où l’urgence de faire la transparence et d’établir l’équité sur les prix du gaz et des carburants.

L. B.