Production agricole au sommet et plus de 800 millions de victimes de la malnutrition : le résultat de la course au profit

4 juillet 2018, par J.B.

La FAO et l’OCDE ont publié hier un document commun, le Rapport sur les perspectives agricoles. Il indique que la production de nourriture atteint des sommets, avec une hausse continuelle. Le même document précise qu’au cours des 10 prochaines années, cette production augmentera de 20 %, soit un rythme plus rapide que la croissance démographique.

Mais force est de constater que cette abondance reste trop inégalement répartie. En effet, plus de 800 millions de personnes ne mangent pas à leur faim chaque jour. Notre région est particulièrement concernée, notamment le Sud de Madagascar. Ceci est aggravé par les effets du changement climatique qui entraînent la sécheresse ou des pluies diluviennes qui compromettent les récoltes.

La nourriture est par nature un droit fondamental de chaque être humain. Comme l’eau et l’air, elle fait partie des conditions nécessaires à la vie. Mais elle dépend de l’organisation d’un marché, qui répond aux orientations du capitalisme. C’est bien là que se situe le problème, car la nourriture est aussi un moyen de spéculer pour faire du profit. C’est ainsi qu’à Madagascar, des terres sont convoitées par des pays étrangers, pour qu’ils puissent y cultiver des produits qui répondent à leurs besoins à moindre coût.

C’est un phénomène de délocalisation comme celui que connaît l’industrie. La Réunion est pleinement concernée par cette course au profit, qui a vu la délocalisation de la production de la SIB à l’usine Colgate-Palmolive de Compiègne, ou le départ de Giordano à Maurice. C’est la même chose qui est en train de s’opérer pour l’alimentation. C’est notamment le projet de l’URCOOPA mis en valeur par le président de la République. Il vise à utiliser des terres à Madagascar pour produire pas seulement pour la Grande île mais aussi pour La Réunion. L’objectif est bien évidemment d’aller là où le coût de production est le plus bas, afin d’augmenter le profit car le prix de vente à La Réunion n’a aucune raison de diminuer, puisqu’il existe un pouvoir d’achat suffisant pour le soutenir.

C’est bien une autre politique qui doit être mise en place, où doivent primer les intérêts des consommateurs finaux et des agriculteurs, pour que les uns puissent avoir la garantie d’avoir une nourriture suffisante à un prix accessible, et que les autres puissent vivre dignement de leur travail. Cela suppose de dépasser le capitalisme pour que la faim dans le monde n’existe plus, car les agriculteurs sont capables de nourrir toute la population mondiale.

J.B.

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