Prudence et vigilance

15 juillet 2004

Opération préméditée, œuvre d’un cerveau dévoyé ou malade, l’“attentat antisémite” de la ligne D du RER à Paris n’était donc qu’une affabulation. Cette lamentable mise en scène aura eu pour première conséquence de livrer à la vindicte publique les Français d’origine maghrébine déjà largement stigmatisés par ailleurs. La seconde, qui est à redouter, c’est l’affaiblissement de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme placée désormais sous la menace d’un soupçon toujours possible.
Mais si cette triste affaire a pu prendre tant d’ampleur c’est grâce à l’emballement politico-médiatique auquel à elle a donné lieu. Du président de la République, au Premier ministre, des responsables de partis politiques aux responsables associatifs, toute l’opinion publique a été entraînée dans une surenchère d’indignations qui, pour être légitimes, ne reposaient pas moins sur un fait fictif. À l’opposé de la prudence élémentaire, dont ont pourtant fait preuve les enquêteurs, l’absence total de recul de la part des relayeurs d’opinion - y compris de “Témoignages” - pose tout le problème de la crédibilité de l’information.
Et ce n’est pas en évoquant à notre décharge - comme certains médias n’ont pas hésité à la faire - le fait que ce sinistre canular réunissait tous les ingrédients de sa crédibilité qu’on s’exonérera de toute responsabilité. Immanquablement cela nous renverrait à la réalité qui rend possible, hélas, cette virtualité : la multiplication inquiétante des attentats à caractère raciste en France. Face à ce terrible constat, prudence et vigilance doivent être plus que jamais de mise.

J.-M. C.


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