Quand des élus s’érigent en scientifiques pour affaiblir la Réserve marine

15 mars 2017, par J.B.

En Australie, l’été touche à sa fin dans le vaste État de Nouvelle Galles du Sud. C’est l’heure du premier bilan. Les données sont inquiétantes. Elles révèlent que la période de décembre à février a été la plus chaude jamais enregistrée dans cette région. Dans la ville de Sydney, la température a dépassé 36 degrés le 18 janvier… à 9 heures du matin. Dans plusieurs autres villes, des records ont été battus, avec des pointes à plus de 47 degrés. Au cours de la période la plus chaude de l’année, les températures étaient 2,8 degrés au-dessus de la moyenne. Pour faire face à la hausse de la consommation électrique, le gouvernement de Nouvelle Galles du Sud a multiplié les appels pour ne pas régler les climatiseurs en dessous de 26 degrés. La crainte d’une panne générale pour cause d’une demande trop importante a hanté les esprits. Les autorités craignaient que le réseau ne puisse faire face à la demande.

Dans le même temps, l’Australie voit un Patrimoine mondial situé sur son territoire en train de dépérir : la Grande Barrière de corail. La hausse des températures favorise le phénomène de blanchissement des coraux. Si cette canicule se prolonge, une part importante de ces coraux peut mourir. Pour ne rien arranger, les activités humaines fragilisent encore plus ce Patrimoine mondial. Pour permettre d’exporter toujours plus de charbon, il est envisagé la construction d’un port à proximité de la Grande Barrière.

Le changement climatique n’a pas de frontière et La Réunion connaît elle aussi un été chaud. La biodiversité est une des richesses de notre île. Pour préserver la nature et essayer de réparer ce qui a été saccagé pendant plus de 300 ans d’activités humaines, des dispositifs sont mis en place. Cela se concrétise notamment par le Parc national et la Réserve marine. Ces deux structures sont dans le viseur d’élus qui se plaignent de blocages pour utiliser cette richesse naturelle afin que quelques personnes puissent en tirer profit. Cela se traduit par l’idée de faire régresser le Parc national au niveau d’un Parc régional, et par la volonté de diminuer la superficie protégée par la Réserve marine.

Pour cette dernière, le prétexte des attaques de requins est évoqué. Des adversaires de la Réserve marine jugent qu’elle a une part de responsabilité dans la recrudescence des attaques de requin à La Réunion ces dernières années. Un jugement bien hâtif, qui ne repose sur aucune certitude scientifique. Mais cela suffit pour affaiblir un outil de protection de l’environnement. Les lagons de La Réunion ont déjà fort à faire avec le réchauffement climatique et ses conséquences en termes de blanchissement des coraux, ils voient arriver une menace qui peut s’avérer fatale : le retour des activités humaines de prédation. Or, avec l’augmentation de la population et le climat entretenu à la suite des attaques de requin, se pose alors la question de la survie de nos coraux. Les polémiques politiciennes doivent s’effacer derrière la nécessité de léguer aux enfants une nature en meilleure état. C’est une des conditions du développement durable.

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