Quand l’Occident réhabilite l’argent sale dans le PIB

14 juin 2014

Selon une directive européenne, tous les pays membres devront intégrer dans le calcul du PIB national les résultats des activités souterraines : drogue, prostitution, travail dissimulé, trafics en tout genre. Les Anglais et les Italiens l’ont déjà fait. L’Espagne s’apprête à le faire. Tous les autres suivront. Des dizaines de milliards d’euros gagnent ainsi la lumière et améliorent artificiellement le PIB. La France est très gênée : questions d’éthique et de morale.

En effet, en France ces activités sont répréhensibles, et nombreux estiment immoral d’intégrer dans la comptabilité publique des richesses acquises illégalement ou frauduleusement. Tant qu’à faire si elles sont connues, leurs auteurs devraient être sanctionnés par la justice. D’autres voient à travers cet acte le début de la légalisation de ce qui est prohibé, aujourd’hui. Ceux-là appellent à l’harmonisation de la réglementation au sein de l’Europe car aux Pays Bas, par exemple, la drogue et la prostitution sont reconnues. Les tenants de l’initiative soutiennent que le principe a été acté depuis la création de l’Organisation Mondiale du Commerce, en 1995. D’ailleurs, il est même prévu d’intégrer les activités militaires et la Recherche et Développement. Ce sont les Etats Unis qui ont ouvert le bal en 2012.

Voilà des puritains qui, en mal de croissance économique, n’hésitent pas à sauter le pas de l’immoralité pour tenter de sauver la face. Ainsi, une méthode estimative a été inventée pour permettre à chaque pays de calculer la richesse produite par le crime, ainsi que le nouveau PIB qui bondit de plusieurs points. C’est magique : la crise économique est terminée, sauvée par des activités criminelles, comme celles de la mafia ! Qui pour le coup devient fréquentable et vertueuse !

Dans le fond, cela fait des siècles que l’Occident « joue » mais cette fois il est en train de perdre. Qu’à cela ne tienne, au beau milieu de la partie, il modifie les règles, pensant sauver les apparences d’un leadership écorné par la montée des économies émergentes. Pas sûr qu’à ce petit jeu de la valorisation de l’économie souterraine (the shadow economy), les pays occidentaux soient avantagés. Sauf si au bout du compte, l’objectif est de décrédibiliser leur propre critère (PIB), en lui enlevant tout sérieux qui pourrait, à terme, complexer l’Occident riche et sans cœur.

Mais comme le paradoxe ne tue pas, les 2 proxénètes dionysiens, qui risquent de perdre leurs 2 immeubles avec ses 86 appartements et de payer des sommes importantes en amendes, pourraient trouver là raison d’espérer. Les Occidentaux ne savent vraiment plus à quels saints se vouer.

J.B.

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