Que deviendront nos plages et notre littoral ?

2 mars 2016, par J.B.

Depuis le milieu du 19e siècle, les activités humaines sont responsables d’une pollution massive. L’énergie utilisée provient en grande partie du charbon et du pétrole. Ce sont des poches de carbones qui étaient stockées depuis des millions d’années sous la surface de la Terre. Leur utilisation intensive depuis 150 ans entraîne des rejets dans l’atmosphère, ce sont les gaz à effet de serre. Le plus connu est le dioxyde de carbone, ou CO2. Cette pollution est responsable de l’effet de serre, qui réchauffe rapidement le climat. Pour le moment, l’océan absorbe le quart de cette pollution. Si cela freine quelque peu l’accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, c’est à l’origine d’autres perturbations.

Une étude parue le 24 février dans la revue scientifique Nature évalue les dégâts de cette pollution. Elle change la composition chimique des océans et les rend plus acides. Le rythme du changement est plus rapide que celui de l’évolution d’espèces comme le corail. Cette étude montre que les prévisions les plus pessimistes sont encore dépassées, et que la Grande Barrière de Corail au large de l’Australie pourrait disparaître encore plus rapidement. Au cours de l’étude, les scientifiques ont isolé une partie de cette zone. Ils y ont réussi à y rétablir la composition chimique de la mer telle qu’elle était au milieu du 19e siècle. Ils ont alors constaté que les coraux construisaient leur squelette plus rapidement.

Dans une étude parue la veille dans la même revue, une autre équipe de chercheurs a constaté la raréfaction de l’aragonite dans les eaux qui baignent la Grande Barrière de Corail. L’aragonite est un minerai qui permet au corail de se construire. À cela s’ajoute la hausse de la température de l’océan qui fragilise également les coraux.

Toutes ces données font dire aux chercheurs que même si la température moyenne de la Terre n’augmente pas de plus de deux degrés par rapport au milieu du 19e siècle, une grande partie des coraux vont mourir. Or, ces deux degrés sont considérés comme la limite à ne pas dépasser dans l’Accord de Paris sur le climat adopté par la COP21. Cette valeur apparaît donc d’ores et déjà trop élevée si des mesures drastiques de sauvegarde des coraux ne sont pas prises en urgence.

L’océan n’a pas de frontière, et ce que vit la Grande Barrière de Corail en Australie concerne aussi La Réunion. Parallèlement à cette pollution, notre île a vu sa population fortement augmenter au cours de ces dernières décennies. Cela accentue la pression sur le corail, car les lagons sont plus fréquentés. Ils sont aussi le réceptacle des eaux charriées de polluants qui s’écoulent dans l’océan lors des fortes pluies.

La menace sur le corail est donc bien réelle. Mais quand le lagon disparaîtra, que restera-t-il de nos plages ? Quand cette barrière protectrice ne jouera plus son rôle, que deviendront toutes les habitations et les équipements construits près du littoral ? Une priorité, c’est d’anticiper. Mais les pouvoirs publics ne prennent pas ce chemin, et certains élus continuent d’agir comme si le changement climatique n’existait pas. Les projets de route en mer, de ville nouvelle à Cambaie et de port à Bois-Rouge en sont des illustrations manifestes.

J.B.

A la Une de l’actuOcéanAccord de Paris sur le climat

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