Qui vit au-dessus de ses moyens ?

6 juillet 2005

Dans son édition du 1er juillet, “Le Figaro” donne un coup de projecteur sur le rapport sur les comptes de l’État publié par la Cour des comptes. Ce document met l’accent sur "la lourde facture des impayés de l’État".
"Factures et engagements en attente de règlement dans les Ministères représentaient 3,8 milliards d’euros" fin 2004, écrit le journal parisien, qui détaille en particulier la situation au Ministère de l’Outre-mer. Dans cette dernière institution, "à la fin 2004, les impayés (...) représentaient par exemple 200 millions d’euros, soit 16% du budget de cette administration". “Le Figaro” indique également que le Ministère de l’Emploi devait, à la fin 2004, "468 millions d’euros à l’Agence centrale des organismes de sécurité sociale".
Avec l’accumulation des impayés, l’État doit des intérêts. Pourtant, l’heure est aux réductions budgétaires et au gel des crédits. Dans ces conditions, on peut comprendre que des entreprises ne souhaitent pas s’engager sur des chantiers financés par l’État, car les retards de paiement peuvent les mettre en difficulté. Car si l’État ne paie pas les travaux effectués pour son compte, l’entreprise doit payer les salaires, les fournisseurs, les cotisations sociales et les impôts.
C’est en tout cas un bien mauvais exemple pour tous ceux à qui certains disent qu’ils vivent au-dessus de leurs moyens ou que faire du social coûte cher. Comment peut-on tolérer que l’on exige des plus démunis qu’ils passent à la caisse, alors que dans le même temps un gouvernement ne paie pas ses factures et accepte que les plus hauts revenus paient moins d’impôts ? Dans ce saisissant raccourci, n’a-t-on pas là une illustration de l’ultra-libéralisme : prendre aux plus pauvres pour que les riches puissent vivre au-dessus de leurs moyens et gaspiller les richesses qui reviennent à tous ?

Manuel Marchal


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