Rapports officiels tous d’accord : Les Réunionnais sont rackettés

30 juillet 2009

En quelques jours, La Réunion a pris connaissance de plusieurs rapports officiels démasquant une vaste opération de racket couverte par une manipulation de l’opinion publique.
Tout d’abord, l’avis de l’Autorité de la concurrence concernant le secteur des carburants. Le 18 février 2009, à la suite des manifestations contre la vie chère, le Secrétaire d’État à l’Outre-mer, Yves Jégo, avait demandé à l’Autorité de la concurrence d’étudier la formation des prix des carburants dans les DOM.
Il faut rappeler qu’en novembre 2008, certains gros transporteurs avaient organisé le blocus économique de l’île recevant publiquement dans leurs exactions l’appui de la préfecture. But de ces manifestations ? Persuader — contre l’évidence — les médias et l’opinion publique que la baisse des prix des carburants dépendait largement de l’action de La Région.
Quelques jours après, le 4 décembre 2008, le Conseil français de la concurrence infligeait à Chevron, Total, Esso et Shell une amende de 41,1 millions d’euros pour avoir conclu « une entente illicite ayant entraîné une augmentation de 30% du coût d’approvisionnement en carburant pour Air France sur l’escale de La Réunion » ces surcoûts illégaux ont interdit à des milliers de Réunionnais de se déplacer et ont lourdement pesé sur le budget de ceux qui ont voyagé.
Le 10 février 2009, la mission d’inspection sur la formation des prix des carburants dans les DOM révélait des pratiques tellement illicites que M. Jégo évoquait « un enrichissement sans cause des compagnies pétrolières » indiquant que cela pourrait se terminer « par une action judiciaire de l’État » contre les pétroliers en cause.
Enfin, le 24 juin dernier, l’Avis de l’Autorité de la concurrence établissait clairement les pratiques ayant permis aux pétroliers de racketter les Réunionnais, simples particuliers ou entrepreneurs. Pourtant, dès le 7 novembre 2008, après avoir démontré les énormes bénéfices réalisés sur le dos des Réunionnais, "Témoignages" demandait : « Pourquoi les consommateurs doivent-ils continuer à engraisser les pétroliers ? ».
Le 7 juillet, à son tour, la commission d’enquête du Sénat confirmait l’existence injustifiable de surprofits considérables réalisés par les pétroliers sur le dos des Réunionnais.
Le 23 juillet la commission de l’Assemblée nationale, présidée par M. Patrick Ollier, faisait 19 propositions qui sont autant de condamnations des agissements des pétroliers dans les DOM.
Et voilà que, le 28 juillet, France Télécom est condamnée à une amende de 27,6 millions euros pour avoir entravé la concurrence dans les DOM.
Dans un cas (pétroliers) comme dans l’autre (France Télécom), nous sommes au cœur des moyens de développement de La Réunion. Dès la fin des années 90 l’Europe établissait le caractère primordial des communications — déplacements internes, maritimes, aériens, téléphonie, etc. — pour désenclaver les DOM et permettre leur développement.
La mise en place des États Généraux de l’Outre-Mer vise les mêmes buts. Les déclarations du Président Sarkozy et du Premier ministre vont dans le même sens.
Alors, quelles sont les raisons qui ont conduit le représentant permanent du gouvernement à La Réunion à appuyer — voire protéger — ceux qui ont agi exactement à l’inverse des directives maintes fois réaffirmées au plus haut niveau de l’État ?
Allons-nous sortir enfin de cette situation totalement incompréhensible qui voit l’action gouvernementale comme guidée par une boussole à deux aiguilles divergentes ?
Va-t-on supporter encore longtemps de telles entraves au développement de La Réunion ?

Jean Saint-Marc 


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