Dans notre édition de mercredi dernier, nous avons parlé de la conférence-débat organisée l’avant-veille par l’IRTS à l’université de Saint-Denis avec le sociologue Serge Paugam sur "les formes élémentaires de la pauvreté". Et nous avons signalé que pour ce spécialiste de la recherche sur la pauvreté en France, du fait que le chômage, la précarité, l’exclusion et les inégalités augmentent à La Réunion, les risques d’explosion sociale s’accroissent dans notre île.
Jeudi dernier, Serge Paugam a tenu une seconde conférence au même endroit sur le thème "Repenser la solidarité". Pendant une bonne heure, il a expliqué avec de nombreux arguments à quel point il est important de renforcer les complémentarités entre les citoyens et les liens sociaux.

À cette fin, il a exposé diverses pistes préconisées par les chercheurs pour « renforcer la conscience sociale de la solidarité » car « il n’y a aucune diminution à être solidaire d’autrui » et « il n’y a pas de justice si les humains ne sont pas des associés solidaires ». Ce défi est d’autant plus urgent à relever, que la société française est décimée par la marchandisation et par la culpabilisation des plus pauvres.
Pour Serge Paugam, cette injustice sociale qui s’aggrave est illustrée par le désarroi des chômeurs, des exclus et la croissance des emplois précaires. Et ce n’est pas une « règle néfaste » comme la suppression des allocations familiales pour lutter contre l’absentéisme scolaire qui va atténuer ce désarroi.

L’augmentation du taux de la pauvreté et des inégalités à La Réunion prouve encore davantage à quel point « la solidarité est un atout pour régler les problèmes de la société ». Et celle-ci passe par « un nouveau contrat social ».
Ce changement vital concerne également le système économique, qui garde encore des traces de l’époque coloniale, et la gouvernance, qui n’est pas démocratique. C’est dire l’ampleur et l’urgence de la lutte pour rendre vivante la solidarité réunionnaise.

L. B.