Retrouvailles réunionnaises

22 mars 2006

En plus de ce qui a déjà été dit sur le contenu fédérateur et fécond de la célébration du 60ème anniversaire de la loi du 19 mars 1946, il est important de souligner un autre enseignement à tirer de cet événement de portée exceptionnelle. C’est le fait que pour la première fois et à un tel niveau de l’État, il a été décidé de tourner officiellement la page des affrontements dévastateurs ayant marqué pendant des décennies la vie politique réunionnaise.
Au-delà des gestes symboliques très forts qui ont marqué cette célébration, la reconnaissance mutuelle de la contribution des uns et des autres au bilan de ces 60 ans devrait nous aider à briser les barrières idéologiques et psychologiques héritées de cette période. Une période marquée par des exclusions, des excommunications et des condamnations rendant impossible la recherche d’une vérité réunionnaise partagée.

Certes, il ne faudra jamais oublier les graves fautes et injustices commises par les décideurs de tous bords dans le passé mais l’essentiel aujourd’hui est de mesurer les retards et les dégâts engendrés par le sectarisme, l’ostracisme et le manichéisme (“tout est bon d’un côté, tout est mauvais de l’autre”). Avec de tels comportements, nous nous mutilons nous-mêmes, nous nous amputons d’une partie de nous-mêmes. Le rejet de celui qui est différent de nous empêche l’enrichissement mutuel. Il interdit le dialogue. Or celui-ci est indispensable pour régler les problèmes de La Réunion (et non pas pour les noyer dans un bel unanimisme de façade).
L’avenir dira ce qui ressortira de ce 19 mars 2006. En attendant, à chacun de voir comment positiver au mieux - individuellement et collectivement - ces retrouvailles réunionnaises.

L. B.


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