Rien vu, rien entendu (et inversement)

13 novembre 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

On peut légitimement s’attendre à ce que ceux qui se targuent de « réformer », qui se posent en « sauveur » — de l’emploi, du pouvoir d’achat, et de la retraite, soient fiers de leur action. Et qu’ils revendiquent haut et fort d’être les artisans d’une politique impulsée par l’Exécutif et validée par le Parlement. L’UMP au pouvoir n’agit d’ailleurs pas autrement. À plusieurs reprises, Nicolas Sarkozy lui-même a paru dans les médias, défendant la portée « historique » de sa réforme et se réclamant de la protection des générations futures. Il s’est d’ailleurs prévalu de cette prétendue « mission » pour ignorer l’immense mouvement social, forme de démocratie la plus directe, par lequel la population a signifié son refus du projet.
Même son de cloche du côté du Parlement : gonflés de l’importance qu’ils prêtent à la « réforme » dictée par l’Élysée, les députés de la majorité ont emboîté le pas au gouvernement, par le vote comme par le discours.

Les représentants réunionnais de l’UMP ont été nettement plus discrets. Si prompt d’ordinaire à se mettre en scène, Didier Robert s’est franchement planqué pour voter la casse des retraites des Réunionnais. Amoureux des caméras, il n’a pas tenu cette fois-ci à convoquer l’une des conférences à grand spectacle dont il a le secret, afin d’expliquer les raisons de son vote. Si on ne le connaissait pas, on croirait qu’il a honte d’être aux ordres de Nicolas Sarkozy. Mais comme on commence à le connaître, on sait qu’il a du mal à dire les choses, lorsque l’opinion risque de ne pas lui être favorable.

À côté de ceux que l’on voit mais que l’on n’entend pas, gravitent ceux qu’on entend beaucoup mais dont on ne voit pas bien ce qu’ils font. Dans cette catégorie, la palme du brassage de vent revient sans conteste à Madame Couapel-Sauret, responsable en titre du fameux “Trans Éco Express”. Le “Trans Éco Express”, ce sont les non moins fameux “2.000 bus, roulant au GPL, en site propre, dans chaque ville, chaque village, chaque quartier et chaque écart”, annoncés par Didier Robert tout au long de la campagne.

On pourrait faire un livre des déclarations par lesquelles Mme Couapel-Sauret prétendait « aller vite », « réaliser tout de suite », etc. Écrire un tel ouvrage prendrait certainement moins de temps que de compter les cars de Mme Couapel-Sauret. Car aujourd’hui, combien de bus au GPL ? Zéro. Combien de sites propres réalisés ? Zéro. Combien de villes, d’écarts, de villages desservis par le Trans Éco Express ? Zéro, zéro et encore zéro. Remarquez que nous n’écrivons pas « zéro kalbas la fimé granbwa » : Mme “2.000 bus”, qui croit que le régime colonial n’a jamais été en vigueur à La Réunion et que les bertels se mangent, pourrait de ne pas nous entendre. Et Mme Farreyrol, qu’on a beaucoup vue et entendue, en ferait tout un train.

G.G.-L.

Didier Robert

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