Rigueur et tolérance

13 novembre 2004

À propos de la récente expulsion d’un jeune étudiant vers les Comores, le représentant de l’État à La Réunion a donné hier sa position. Pour le préfet, la loi votée par les parlementaires doit s’appliquer et, dans ce cas précis, la loi a été appliquée. Dont acte.
Tout au plus, pourrions-nous faire remarquer que la légalité de la décision préfectorale n’a jamais été mise en cause par quiconque. C’est plutôt la rigueur avec laquelle a été appliquée cette loi, dans ce cas d’espèce, qui a jeté le trouble chez beaucoup de Réunionnais.

Voilà un jeune qui vit avec sa mère qui a la nationalité française. Il est ici depuis 12 ans, et a fait toute sa scolarité dans l’île. Il se trouve brutalement expédié vers un pays totalement étranger pour lui, dont il ne parle même pas la langue. Voilà une personne intégrée totalement à la société réunionnaise et qui, du jour au lendemain, s’en trouve totalement exclu. Du fait de l’application, pour le moins très stricte, de la loi.

Dans d’autres cas où l’application rigoureuse de la loi ne pouvait que déboucher sur des phénomènes d’exclusion, on a vu le recteur - suivant en cela les recommandations du Parlement - appeler à davantage de souplesse. Si personne ne remet en cause l’existence de la loi, on ne peut pas ne pas tenir compte des conditions spécifiques qui font l’originalité de notre île.
Nous vivons dans une société vieille d’à peine 300 ans, qui se construit sur les apports constants de civilisations issues de trois continents. C’est une vision singulière de l’intégration que propose La Réunion. Une vision qui appelle la tolérance et, probablement, moins de rigueur administrative dans l’application de certaines lois.

Manuel Marchal


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