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Route en mer : l’État pourra-t-il tenir sa promesse ?

mardi 30 août 2016, par J.B.

Après le problème des matériaux qui oblige à suspendre le chantier de la grande digue de la route en mer, un nouvel obstacle vient confirmer l’impasse du projet de Didier Robert, soutenu par Gilbert Annette et Huguette Bello. Il s’agit du financement. Grâce à Didier Robert, la France a pu obtenir une révision extrêmement favorable de sa participation aux grands chantiers à La Réunion. Le Protocole de Matignon signé par Paul Vergès et Dominique de Villepin prévoyait que le gouvernement contribue au financement de deux grands chantiers : le tram-train et la nouvelle route du littoral. Il indiquait que si le coût de la nouvelle route du littoral dépassait son estimation initiale, l’État devait contribuer aux surcoûts proportionnellement à son engagement initial. C’était la garantie que les Réunionnais ne seraient pas les seuls à payer les dépassements de crédit inévitables sur un tel chantier, d’autant plus que c’est l’État qui avait choisi le tracé d’une nouvelle route du littoral.

En renégociant cet accord pour transférer l’argent vers la construction d’une route en mer, l’État ne participe plus qu’au financement d’un seul chantier. En plus, sa contribution est forfaitaire. Les dépassements de crédits ne sont pas partagés. Ainsi, quand les promoteurs du chantier ont importé des roches de Madagascar, l’État n’a pas mis un centime. Mais malgré ce rabais, la France sera-t-elle en mesure de payer sa part ? La question est posée après la publication hier d’un référé de la Cour des comptes au sujet du financement de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France. Voici un extrait du communiqué présentant ce référé :

« L’agence a compté, jusqu’en 2014, sur la perspective de l’écotaxe poids lourds, à laquelle il a été renoncé. Fin 2015, les restes à payer de l’AFITF s’élevaient à 11,9 milliards d’euros et ses dettes à 0,7 milliards d’euros. En l’état des engagements budgétaires déjà pris, la trajectoire de dépenses de l’agence conduirait à une insuffisance cumulée de financement de 0,6 milliards d’euros à l’horizon 2019. Or, si l’État décide d’aller plus loin dans l’engagement et le financement du tunnel ferroviaire Lyon-Turin et du canal Seine-Nord, il devra dégager entre 1,6 et 4,7 milliards d’euros supplémentaires. La Cour souligne le caractère très préoccupant de cette perspective pour l’équilibre futur des finances publiques. »

La Cour des comptes demande donc à l’État de faire des économies, car elle estime qu’il n’a pas les moyens de faire face à ses engagements au risque de mettre tout son budget en péril. Si ces recommandations sont suivies, comment la France pourra-t-elle garantir qu’elle maintiendra le niveau de sa contribution à la route en mer de Didier Robert ? L’intervention de la Cour des comptes intervient peu de temps après la promesse d’une baisse des impôts en 2017, année d’élections. On voit mal le gouvernement renoncer à cela pour permettre le financement de nouvelles routes. Il sera donc amené à faire des choix dans ses investissements. S’il réduit sa participation à la route en mer, alors la facture payée par les Réunionnais augmentera. C’est un fait supplémentaire qu’il est temps d’arrêter au plus vite ce gaspillage inutile d’une route dont les matériaux manquent pour la réaliser.

J.B.


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