Scandaleux

12 novembre 2004

Seront-ils un jour victimes à leur tour d’expulsion, ces Réunionnais - ils sont plus nombreux qu’on ne le croit - vivant dans la frousse d’avoir à refaire des papiers perdus parce qu’ils sont nés à Tamatave, Nosy-Bé, aux Comores ou tout simplement issus d’une région qui a connu de tout temps un brassage constant des populations ? Brassage le plus souvent imposé au regard de l’histoire. “Allez à la Sakay”, leur disait-on à l’époque. Aujourd’hui, leurs successeurs seraient prêts à les renvoyer “là-bas”, sans état d’âme.

Comment dire autrement le choc émotionnel vécu par de très nombreux Réunionnais à l’annonce récente de la double expulsion décrétée par les autorités françaises à la Réunion à l’encontre d’une Comorienne en transit à Gillot et d’un jeune Réunionnais dont le seul tord est d’avoir un père comorien.

Ces décisions arbitraires, prises en dépit de tout bon sens, surviennent dans un climat déjà très lourd où d’autres “affaires” ont jeté la consternation chez nos compatriotes de confession musulmane dont la communauté entière s’est retrouvée stigmatisée.

À quoi veulent jouer certains apprentis-sorciers en faisant, ici à La Réunion, une application stricte de la loi qui frise autant l’absurdité ? Qu’elle est cette conception d’une égalité qui ne tiendrait pas compte de l’histoire et donc de la diversité ? D’accord, il faut lutter contre le terrorisme, mais pas au prix de l’implosion de la société réunionnaise. Un fragile équilibre acquis au fil des temps, qu’il importe avant tout de consolider. De là vient son originalité et c’est de là, précisément, que notre pays puise sa tradition d’hospitalité.

J.-M.C


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