Selon le JIR, le modèle réunionnais est à bout de souffle

12 février 2019, par J.B.

L’édition du Journal de l’île, hier, a fait très fort en dénonçant la situation sociale réunionnaise. Un dossier particulièrement bien construit centré sur les inégalités à La Réunion qui aurait pu rejoindre l’appréciation de l’INSEE, en 2013 : “La Réunion est un Département socialement hors norme”. Un éditorial de Jérôme Talpin : “Plaidoyer pour un état fort”qui remet de l’ordre dans les têtes brûlées qui appellent l’Etat à baisser ses interventions sociales.

En gros, l’éditorialiste reconnaît que ce n’est pas le moment de déconner et désorganiser les aides sociales, car “le modèle réunionnais est à bout de souffle”. Après ce constat, il lui reste à analyser la cause principale et tirer les leçons pour l’avenir. Pour le PCR, il s’agit de l’intégration aux normes d’une société située à 10 000 kilomètres de la France et qui a conduit à une situation néo-coloniale. La recherche du modèle alternatif nécessite une discussion entre Réunionnais pour savoir ce que nous sommes prêts à garder du modèle social actuel et ce que nous sommes prêts à partager avec notre voisinage immédiat et naturel. Nous avons intitulé ce projet : “la Responsabilité pour plus d’autonomie”.

En 60 ans d’existence, le PCR est de très loin le plus gros contributeur à la réflexion sur les perspectives d’avenir. Nos contradicteurs ne discutent pas et nous ont toujours opposé les vertus de la démocratie électorale. Le simple projet des 2 grands services publics dans l’Environnement et dans l’Aide à la personne qui pourrait fournir 50 000 solutions-emplois n’a jamais fait l’objet du moindre expertise alors que le sujet a été exposé à tous les gouvernements successifs depuis plus de 20 ans.

La veille de l’arrivée du candidat Macron, le PCR l’a interpellé publiquement. Pour quel nul n’ignore, voici la teneur du communiqué.

« Monsieur le Candidat, Vous arrivez ce samedi 25 mars 2017 à l’île de La Réunion. Nous vous souhaitons la bienvenue. Cependant, vous n’êtes pas sans ignorer la situation grave qui prévaut à La Réunion. Nous nous permettons d’attirer, à nouveau, votre attention sur les points suivants. Lors d’une étude sur la pauvreté à La Réunion, l’INSEE a qualifié La Réunion de « département socialement hors-norme ».

Cette situation est notamment caractérisée par : 
- Un taux de chômage record qui frappe massivement les jeunes à plus de 50 %. 
- Une cherté de la vie anormalement élevée et près de la moitié de la population vivant en-dessous du seuil de pauvreté (soit 400 000 habitants). 
- Une difficulté persistante à répondre aux nombreuses demandes de logement (27.000 demandes en attente depuis des années). 
- Des inégalités qui font de La Réunion, selon l’INSEE, le département où elles sont les plus grandes (par exemple, pour un coût de la vie qui est le même pour tout le monde, certains perçoivent une prime de vie chère alors que l’immense majorité de la population en est exclue ; ou encore pour un PIB de 33 000 € par habitant en France hexagonale celui de La Réunion n’est que de 19 000 €). 
- Un nombre de personnes frappées d’illettrisme (116 000) qui ne baisse pas. 

Cette situation est, de notre point de vue, le résultat de politiques d’intégration menées dans les DOM dans le cadre défini par la loi du 19 mars 1946. Certes, des acquis ont été obtenus par ces politiques grâce en particulier aux luttes des travailleurs. 

Mais, poursuivre dans la même voie d’intégration ne résoudra pas les problèmes de La Réunion et ne nous permettra pas d’affronter les défis nouveaux auxquels nous sommes confrontés : 

- La filière canne-sucre connaîtra pour la première fois la fin des quotas et du prix garanti du sucre dès cette année. 
- Les accords de partenariat économique, signés par l’Union Européenne avec nos pays voisins, impacteront directement toute notre production. 
- Les effets du réchauffement climatique nécessiteront des mesures d’adaptation importantes et inédites. 
- Notre environnement géographique connaît des bouleversements considérables tant sur le plan démographique qu’économique (des grands ensembles commerciaux se constituent dans notre zone en présence de pays émergents). La Réunion ne peut pas être tenue à l’écart de cette mutation qui s’opère à ses portes. 

Pour résoudre les problèmes actuels, pour affronter les défis à venir et pour s’insérer dans son environnement géo-économique, La Réunion doit disposer d’outils adaptés qui n’existent pas dans le cadre actuel. Il est d’ailleurs unanimement reconnu que ce cadre a atteint ses limites. Nous pensons, comme d’autres, qu’il faut désormais un nouveau cadre que la Constitution Française permet de créer. 

Ce nouveau cadre passe par la mise en place d’une collectivité territoriale disposant de pouvoirs et de compétences élargis et d’un fonds de développement permettant aux Réunionnais-es d’élaborer et de mettre en œuvre pour leur île un plan de Développement durable économique, social, culturel et identitaire, et environnemental. 

Cette collectivité aux pouvoirs élargis sera également l’outil indispensable mis au service d’une politique de co-développement dans notre grand voisinage. 

Ce nouveau cadre au sein de la République doit faire appel à la responsabilité des Réunionnais-es qui ne cessent de réclamer les moyens nécessaires pour l’exercer afin d’atteindre l’autonomie fiscale, l’autonomie énergétique et l’autonomie alimentaire. 

Nous souhaitons, Monsieur le Candidat, connaître vos propositions sur l’ensemble de ces problèmes. Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, Monsieur le Candidat, nos salutations respectueuses. 

Pour le Parti Communiste Réunionnais, 
Le Secrétaire Général, 
Maurice Gironcel »

J.B.

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