Souffrance mentale

7 février 2005

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Le problème de la souffrance mentale - ou de la maladie mentale - n’est pas suffisamment ni correctement pris en compte dans notre île par les pouvoirs publics et notamment par l’État. D’une part, il est sous-estimé, caché, mis de côté et trop peu de moyens sont mis à disposition pour qu’il soit traité comme il devrait l’être. D’autre part, il est victime de préjugés, de tabous et d’approches inexactes qui font que les personnes confrontées à la souffrance mentale ne sont pas écoutées, prises en charge et soignées de manière satisfaisante. On se contente très souvent de les étiqueter de “folles” et de les rejeter de la société.
Or ce problème devrait alerter les décideurs et les amener à avoir une approche plus juste de ce drame, vu la gravité de ses conséquences humaines et sociales. Il suffit de penser au grand nombre de personnes souffrant de maladie alcoolique ou de dépendance à l’égard des différentes formes de drogue (tabagisme, produits narcotiques ou médicamenteux) et aux effets de ces situations pénibles à travers ce que l’on appelle les “faits divers” : violences conjugales, intra-familiales, délinquance, criminalité etc.
Réfléchissons aussi à ces chiffres terribles rappelés samedi dernier par “le Journal de l’Île” : entre 3.000 et 4.000 personnes tenteraient de se suicider chaque année à La Réunion et plus d’une centaine d’entre elles mettraient définitivement fin à leur existence. Soit bien plus que le nombre de personnes tuées annuellement sur nos routes.
Et ce n’est pas le plan d’aide gouvernemental à la psychiatrie hospitalière annoncé vendredi dernier par le ministre de la Santé qui va régler le problème, puisque selon l’AFP, le nombre de psychiatres en France "devrait passer de 13.727 aujourd’hui à 8.816 en 2025, alors que les besoins ne cessent de croître".
Outre les structures médicales et paramédicales à renforcer pour aider les personnes malades mentales à surmonter leur souffrance, il est indispensable de créer les conditions politiques, économiques, sociales et culturelles pour que chaque Réunionnais puisse se donner un projet de vie. Pour cela, il faut un projet réunionnais de développement durable et solidaire.

L. B.


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