Sous les feux des projecteurs

5 octobre 2020, par Philippe Yee-Chong-Tchi-Kan

Hier soir, j’ai croisé Ti-Jean en bord de route. Il tournait autour d’un lampadaire, à la recherche des clés de sa maison. Je décide de l’aider, et, au bout de quelques minutes, je lui demande :
• « Es-tu sûr d’avoir perdu tes clés ici ? »
• « Non. » Me répond-il. « Je les ai perdues là-bas ! » En pointant du doigt un petit bosquet au-delà de la zone éclairée par le lampadaire.
• « Mais pourquoi tu cherches tes clés ici, si tu sais que tu les as perdues là-bas !? » lui répliquais-je, éberlué de sa réponse.
• « Parce que là-bas, il fait noir, alors qu’ici, il fait clair ! » me rétorquait-il sans hésitation.

Ainsi, charmés par les feux des projecteurs, certains abdiquent leur raison et errent sans issue, jusqu’à renoncer au chemin qu’ils avaient originellement entrepris.

À la lisière de ma demi-espérance de vie biologique, j’en ai connu de ceux-là. Aveuglés par les ors de la république, corrompus par la finance capitaliste, ils ont oublié d’où ils viennent et ce vers quoi ils devaient se rendre. Leur vanité ayant eu raison de la fragilité de leurs idéaux. On leur a fait confiance. On les a promus et soutenus. On leur a confié toutes les clés de la maison commune. Par négligence et/ou par arrivisme, ils les ont perdu. Toutefois, il demeure encore en leur pouvoir de les retrouver et, de nouveau, de conduire le peuple réunionnais sur la route de son épanouissement véritable et complet. Au lieu de quoi, ils se complaisent dans le confort coupable d’une vie de parvenus éhontés, en ayant vendu leur âme pour d’éphémères satisfactions, en trahissant la mémoire de leurs ancêtres et en abandonnant toute considération pour les générations futures.

Heureusement, j’en connais aussi d’autres qui ont conservé leurs convictions et leur moralité intactes ; et qui détiennent également des doubles des clés perdues du destin de La Réunion.

Philippe Yée Tchong Chi Kan

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