Syrie : qui veut la paix ?

10 juillet 2012, par Geoffroy Géraud-Legros

Sur internet, une vidéo “virale” circule depuis quelques jours. On y voit, d’abord, un extrait mettant en scène un homme agonisant. Un combattant de la liberté, comprend-on, blessé au combat contre les forces armées syriennes… que le même support montre, fringant, quelques jours plus tard, aux côtés de François Hollande et des « amis de la Syrie » ! Document conspirationniste, ou révélation d’une intrigue véritable ? L’avenir, sans doute, dira de quel côté se trouve la manipulation.

Mais le succès de ce document témoigne de l’atmosphère générale dans laquelle se déroule le conflit syrien : une guerre dont on ne sait rien, même si l’opinion est régulièrement interpellée contre le « régime de Bachar El Assad » — c’est-à-dire, le gouvernement légal d’un pays où l’on organise régulièrement des élections et qui vient de se doter d’une nouvelle Constitution. Les documents « amateurs » forment l’essentiel de la couverture médiatique des évènements qui se déroulent en Syrie : ce sont des vidéos confuses, où il est impossible de distinguer les protagonistes, ni de dire où se déroulent les faits. Les sources citées sont, invariablement, « l’Observatoire syrien des droits de l’Homme ». La composition, les motivations et les liens souvent invoqués de cet organisme — dont on ne connaît qu’un seul membre — avec les mouvances islamistes armées sont toujours obscurs.

C’est néanmoins sur ces bases, propices à toutes les propagandes, que la population des pays occidentaux est quotidiennement sollicitée en soutien d’une intervention armée en Syrie. Une opération de police internationale à laquelle s’opposent la Chine et la Russie, cette dernière entretenant des liens anciens avec le pays, où sa flotte dispose d’installations. Toutes deux soutiennent le point de vue syrien, selon lequel la responsabilité des groupes armés qui affrontent l’armée régulière doit être, avant toute chose, établie. Du côté occidental, on fait du départ du dirigeant syrien la condition sine qua non à toute sortie de crise. Une injonction évidemment impossible à admettre dans le cadre d’un règlement pacifique du conflit, puisqu’elle heurte de front tant le principe de souveraineté nationale que la démarche des deux puissances émergentes qui, de leur côté, voient dans la stabilité du pouvoir la seule garantie d’une transition négociée.

Bachar-El-Assad a dit hier « regretter » l’échec du plan mis en place par Khofi Annan. Selon le chef de l’État syrien, « plusieurs pays ne veulent pas que ce plan soit couronné de succès, et c’est pour cette raison qu’ils offrent un soutien politique, des armes et de l’argent aux terroristes syriens ». Des propos qui visent l’Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie qui, de fait, ne cachent pas leur soutien aux mouvements armés anti-Assad. Reste à savoir si ces initiatives viennent des gouvernements de ces États, ou des États-Unis, dont ils sont notoirement proches. Et qui, finalement, veut la paix…

Geoffroy Géraud Legros


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