Tous libres

18 décembre 2004

(Page 2)

Paul Vergès l’a souvent affirmé et Mgr Gilbert Aubry l’a encore dit récemment : "l’abolition de l’esclavage à La Réunion le 20 décembre 1848 n’a pas seulement libéré les esclaves - au moins sur un plan formel et officiel - mais elle a également libéré les maîtres."
En mettant ainsi un terme à un système particulièrement odieux, à ce crime contre l’humanité, cette double libération a permis, aux uns et aux autres, de cheminer ensemble sur la voie de l’humanité retrouvée.

Cela ne s’est pas fait sans heurts. Mais grâce à la mobilisation de tous, La Réunion a pu rejoindre le train d’un certain progrès social sur la base d’un socle égalitaire. Pour autant, les oppressions n’ont pas toutes disparu. De nouvelles ont même fait leur apparition - chômage massif, précarité, exclusion, illettrisme, racisme, déficit démocratique etc... - menaçant dangereusement la cohésion de notre société.

Ces oppressions, concourant à la fracture du pays en deux mondes, entraînent des souffrances immenses chez ceux qui en sont les victimes. Souffrances physiques bien sûr, mais aussi mentales. Des souffrances dont le “premier monde” ignore ou sous-estime la gravité, quand il n’affiche pas son indifférence.

Et pourtant c’est La Réunion toute entière qui - en se privant d’un important potentiel d’énergie - souffre de ces “esclavages modernes”. L’insécurité grandissante rongeant notre société en est l’illustration la plus inquiétante. Alors, que faire, sinon agir tous ensemble, pour conquérir de nouvelles libertés et arracher plus de justice ? C’est le seul moyen de devenir tous libres et c’est la leçon essentielle du 20 Désanm. À célébrer sans modération !

L. B.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus