Transition énergétique, ou la pauvreté du débat d’idée en France

27 octobre 2021, par David Gauvin

À l’approche de la présidentielle, les politiques s’emparent du débat sur la production d’électricité, opposant éolien et nucléaire, en oubliant souvent de prendre en compte la transition énergétique dans son ensemble, de la production aux usages finaux, en passant par les vecteurs de ces énergies. Au désespoir des experts, qui appellent à prendre un peu de hauteur.

Chaque jour, en France, 265 individus meurent prématurément de la pollution atmosphérique, soit 100 000 par an, selon une estimation de l’université Harvard. Tous les ans, des événements climatiques de plus en plus forts surviennent . Le réchauffement climatique est une réalité, la pollution atmosphérique aussi. Si la France est, certes, productrice d’une électricité plutôt décarbonée - ce qui ne signifie pas sans impact sur l’environnement et les être humains -, elle est encore loin d’avoir activé tous les leviers à sa disposition pour lancer une transition énergétique durable en matière d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et de protection de l’environnement. La justice l’a d’ailleurs encore rappelé au début du mois d’octobre, alors même qu’un récent rapport de l’ONU mettait en garde le monde entier contre une dépendance toujours aussi forte aux énergies fossiles. 

L’électricité représente 25% de l’énergie consommée en France, même si cette proportion est amenée à augmenter. Les 75% restants sont les énergies utilisées dans le transport, dans le bâtiment, dans l’industrie… Par exemple, le gaz pour les chaleurs hautes températures, le charbon pour les aciéries, le pétrole pour les transports. Nicolas Berghmans, chercheur en politiques climatiques et énergétiques à l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), trouve les débats politiques caricaturaux : « Il y a un manque de présentation systémique sur ces enjeux énergétiques. Promouvoir un mix 100% éolien, un mix 100% solaire ou 100% nucléaire n’aurait aucun sens, que ce soit pour un mix électrique, et encore plus pour un mix énergétique ; pour plein de raisons, il faut jouer sur la complémentarité des énergies, les unes avec les autres. ». Sur le mix électrique, qui devrait prendre une part de plus en plus importante dans le mix énergétique, les Français assistent à une opposition caricaturale entre les différents types d’énergie. Pourtant, les six scénarios prévus par Réseau de transport d’électricité (RTE), le gestionnaire des réseaux électriques en France, ne prévoient pas d’opposer systématiquement les énergies renouvelables au nucléaire. Un seul scénario exclut entièrement le nucléaire au profit des énergies renouvelables : avec les annonces récentes du président de la République sur le nucléaire, sa probabilité s’amenuise. De l’autre côté, même le scénario le plus « nucléarisé » se base toujours à 50% sur les énergies renouvelables.

En plus de la décarbonation de la production, deux autres leviers devraient préoccuper les politiques. Nicolas Berghmans appelle à une prise en compte globale de la transition : « Il faut faire évoluer l’ensemble du système énergétique, et pas uniquement remplacer des centrales thermiques par des modes de productions renouvelables ou nucléaires. Cela veut dire changer la manière de consommer, changer les marchés, développer des interconnexions quand c’est possible. » Le premier levier est celui de la sobriété énergétique, afin de réduire, ou limiter, la demande énergétique. Créer des appareils moins gourmands en électricité, développer les éclairages à faible consommation, réduire l’usage de la lumière et des écrans dans les villes et les foyers, isoler les logements, changer les modes de transports, sont autant de sujets sur lesquels débattre... et agir. Le second levier, plus technique et moins évident, concerne les vecteurs énergétiques dans les usages finaux. Actuellement, la France utilise des énergies fossiles, produites sous forme de liquide, de solide ou de gaz, alors que de nombreuses énergies décarbonées produisent de l’électricité. Il va donc falloir électrifier les usages, comme cela est fait avec les transports, et développer de nouveaux vecteurs d’énergie, comme l’hydrogène par exemple, qui permettront de stocker et de fournir l’électricité produite en amont. 

La question de la transition énergétique est globale - elle ne se limite pas à la seule production de l’énergie - et, selon les experts interrogés, doit prendre en compte l’intégralité des secteurs, de la source à la consommation, considérer l’impact de chaque solution sur la nature, les être humains, sans se limiter à la seule question de l’émission de gaz à effets de serre. Dans tous les cas, pour Nicolas Berghmans, « ce qu’il faut bien comprendre, c’est que toutes les énergies viennent avec leurs inconvénients ». Comme pour les énergies, les activités humaines, y compris celles liées à la transition énergétique, ne seront jamais totalement neutres, et sur les gaz à effet de serre et sur leurs impacts environnementaux. Sur cette question, comme sur d’autres le débat est pauvre et ne permet pas d’éclairer les citoyens. On est dans la dictature du tweet, de la « puchline », des modes passagères. Les supercommunicants ont oublié la base, le fond. Est ce à dire que beaucoup font de l’agitation pour masquer leur absence de fond ? Ils ou elles veulent la place pour faire mieux…..mais font-ils bien ? De toute évidence, la génération Covid politique sera aussi vite balayeé que la pandémie est survenue. Ils ont en commun, un trait principal, beaucoup de bruit pour rien au fond.

Les erreurs de communication à éviter : l’arrogance, l’excès de confiance et « je pense donc j’ai dit ». Abd-el Senguel Mafoula

Nou artrouv’

David Gauvin

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