Trois suicides en une semaine

22 août 2012, par J.B.

Hier matin, un père accompagne la dépouille de son fils de Paris à Gillot. Il avait envisagé un destin différent en soutenant l’engagement de son enfant de faire carrière dans la Police nationale. A un moment, le garçon souhaitait rentrer travailler au pays, mais les conditions de mutation ne le lui ont pas permis. En mettant fin à ses jours, il interroge le système qui l’a enrôlé.

Comment peut-on arriver à une telle extrémité sans que personne ne s’en aperçoive ? Comment est-ce possible qu’entre la fin d’une carrière et la fin d’une vie, il finisse par choisir la deuxième solution ? Pourquoi l’administration n’a-t-elle prévu aucune porte de sortie honorable qui puisse permettre à un jeune de rebondir dans la vie si jamais, au cours de sa carrière, il constate son inaptitude à continuer ?

Beaucoup de Réunionnais souhaitent retourner travailler et vivre au pays. Pourquoi ce souhait leur est-il refusé ? Pourquoi ne pas prendre en compte l’équilibre psychologique pour une meilleure efficacité dans le travail ? L’administration française est-elle si arriérée au point qu’elle n’a pas encore intégré dans son fonctionnement les recherches les plus modernes sur la condition humaine ?
N’y a-t-il pas urgence à prendre en compte la dureté de la vie qui rende les gens si fragiles ? Comment prévenir ?

Toutes ces questions sont posées au moment où on apprend que deux autres jeunes ont mis fin à leurs jours la semaine dernière en sautant du pont de l’Entre-Deux. Bien sûr, les motifs qui les ont conduits à cet acte ultime sont différents, mais notre île détient un taux de suicides ou de tentatives de suicide très élevé. Par conséquent, il y a bien des conditions sociales inadaptées sur lesquelles l’État, pris dans son sens très large, devrait se pencher.

Il ne suffit plus d’aligner des statistiques et se donner bonne conscience que la situation est marginale. Les pouvoirs publics, les partis politiques, la société civile devraient agir rapidement avant que la situation ne s’aggrave.

J.B.


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Messages

  • Ce n’est pas forcement à l’administration qu’il faut en vouloir mais aux personnes placées au sommet des hiérarchies, à ces chefs et décideurs qui fonctionnent de manière carriériste et égoïste.
    La situation se banalise au point qu’à court terme, ce genre de drame fera partie des "risques du métier" tout simplement parce que le facteur humain est occulté ...


Témoignages - 80e année


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