Un argument ’libre et non faussé’

26 juillet 2005

Le directeur d’une importante société réunionnaise d’assurances vient d’être mis en examen pour harcèlement moral et entrave aux fonctions de délégué syndical, à la suite de plaintes déposées contre lui par plusieurs de ses employés. Ces personnes ont décrit un enfer subi au quotidien, fait de négation systématique de leur valeur professionnelle, de violence relationnelle, d’humiliation et de destruction profonde de leur équilibre psychologique. Le traitement judiciaire du dossier devra faire la lumière sur l’ensemble de ces faits et en tirer les conséquences suivant les termes du Droit.
Mais un argument employé par la défense du directeur de cette société ne peut laisser indifférent. Il tient en un chiffre : 13%. C’est le chiffre, remarquablement élevé, du taux de croissance qu’a connu la société depuis que ce directeur est en place. Mis en place d’ailleurs, précise sa défense, précisément pour "redynamiser" la société.
Ce brevet d’efficacité, décerné au dirigeant en termes de rendement financier, est avancé comme un argument-massue en faveur du caractère irréprochable de sa ligne de conduite ! La "bonne santé" capitalistique de la société ne prouve-t-elle pas que le but ultime est atteint ? Et de quels dégâts humains viendrait-on nous parler, alors que les affaires sont florissantes ? Un bon taux de retour sur placement n’a-t-il pas infiniment plus de poids que des souffrances d’employés maltraités ?
On aurait voulu nous faire toucher du doigt - par un exemple concret pris dans l’actualité - la perversion au quotidien du système dans lequel on vit, qu’on ne s’y serait pas pris autrement. Et c’est ce type de rapports humains, placés sous la loi du "marché libre et non faussé" qui veut se faire passer pour "naturel" et donc inévitable. Heureusement qu’ils sont de plus en plus nombreux celles et ceux qui le refusent et le combattent.

A. D.


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