Un défi

6 août 2004

Voici une vingtaine d’années, un événement avait fait la “une” de tous les quotidiens réunionnais : une femme s’était fait arracher son sac à main. C’est dire qu’un tel acte n’était pas habituel dans notre île. Aujourd’hui, quand on feuillette les pages des “faits divers” dans les journaux à La Réunion, on ne peut que constater une escalade dans le nombre et la violence de ces faits.
Pourtant, ces vingt dernières années ont été marquées par plusieurs avancées arrachées par les luttes des Réunionnais : hausse du niveau de vie, élévation du niveau de formation et reconnaissance plus grande des droits démocratiques. Dans toutes ces conquêtes, on peut souligner le rôle décisif de la bataille pour l’égalité entre les Réunionnais et les métropolitains.
Mais au-delà de ces acquis incontestables, on ne peut parallèlement que déplorer une montée du sentiment d’exclusion, qui s’exprime de manière chaque jour plus violente. Vingt années de “développement” selon le modèle dominant ont été marquées par une hausse spectaculaire de la consommation, et par une plus grande frustration de ceux qui n’ont pas la possibilité de le faire. Est-ce cela un développement durable dans une société solidaire ?
Ce que l’on appelle la “montée de la délinquance” n’est-elle pas liée à la montée du chacun pour soi, qui met à mal la cohésion sociale ? Un des défis du 21ème siècle est d’imaginer un type de développement réunionnais où les richesses dégagées par la croissance ne vont pas prioritairement dans la consommation, mais participent surtout à renforcer la solidarité et à atténuer les inégalités. C’est un défi urgent, il suffit de voir les “unes” des médias pour s’en rendre compte.

M. M.


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Témoignages - 80e année


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