Un droit non reconnu

2 mai 2006

Jean-Fabrice Nativel est un jeune journaliste de “Témoignages” très lié à la population réunionnaise appartenant au “deuxième monde”, “sak na poin”. Souvent, il va à la rencontre de ces Réunionnais qui souffrent en raison du chômage et des bas revenus. Il les connaît donc.
Mais vendredi dernier, lorsqu’il est rentré du reportage sur le bidonville du Chemin Champ de merles à Saint-Gilles les Hauts, il nous a déclaré : "zamé moin noré pansé nana ankor dé Rénioné i viv dan in tèl mizèr zordi, lé vréman tèrib".

Quand on entend cette remarque et qu’on lit l’article qu’il consacre à ce sujet d’une part, et qu’on constate le battage publicitaire sur le Salon de la Maison d’autre part, on ne peut qu’être saisi par le fossé entre les deux mondes de notre société.
D’un côté, on ne parle que de luxe, “design” haut de gamme et haute technologie en matière de cuisine, salle de bains, piscine, salon “home cinéma” etc. Tout est fait pour inciter à acheter toujours plus, toujours plus cher, toujours plus clinquant, car on est dans le monde de l’avoir et du paraître. En définitive, celui du gaspillage dans un univers qui ne sait pas quoi faire avec son fric.
De l’autre côté, tout ce battage arrive dans des logements insalubres et sur-occupés, où les gens sont confrontés à des problèmes d’insécurité, de promiscuité et de tensions diverses. Ces conditions de vie insupportables se traduisent par des drames et des souffrances multiples.

L’État n’assume pas ses responsabilités dans ce domaine. Ses crédits pour l’habitat social sont très insuffisants. Quelque 27.000 dossiers de demande de logement sont en attente. Un chiffre en augmentation chaque année. Derrière ce chiffre, il y a des dizaines de milliers de Réunionnais privés d’un droit non reconnu.

L. B.


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