Un héritage lourd à gérer

21 février 2006

L’accident mortel survenu hier matin sur la route littorale, quelques minutes après la réouverture de la liaison La Possession - Saint-Denis sur le mode basculé, a provoqué une grosse émotion dans l’île. La chute fatale de cette roche a relancé toutes les peurs que cultive cette route dans l’esprit de ses usagers. Le phénomène d’identification aux victimes de ce lundi tragique joue à fond chez les 50.000 automobilistes et leurs 30.000 passagers qui empruntent quotidiennement cette voie de circulation au pied d’une falaise pourrie.
D’où les questions que tout le monde se pose : même en respectant le protocole concernant l’ouverture de la route littorale en mode basculé, n’a-t-on pas passé outre le principe de précaution en autorisant la circulation hier matin ? Alors que nous sortions d’un week-end très pluvieux et que nous étions en état de vigilance cyclonique, ce principe de précaution n’a-t-il pas été sacrifié avant tout pour des besoins économiques ?
L’enquête permettra peut-être d’apporter un début de réponse à ces questions légitimes. Mais on sait aussi que le problème de fond est ailleurs. Cette route est un héritage lourd à gérer. Elle fait partie des nombreuses et graves erreurs d’aménagement du territoire commises dans notre île par l’État, avec la complicité de certains décideurs locaux.
Ces erreurs proviennent avant tout du fait que les Réunionnais n’ont pas été écoutés par les gouvernants et leurs représentants dans l’île, en raison de leur esprit de supériorité supposée. On l’a vu encore une fois dans l’épidémie de chikungunya.
Mais l’histoire nous montre également que lorsque les Réunionnais sont unis autour d’un projet, ils peuvent l’imposer à Paris. La loi du 19 mars 1946 est là pour nous le rappeler.

L. B.


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