Un jeu dangereux

30 novembre 2004

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Quatre conflits sociaux ont pris fin au cours du dernier week-end : ceux de la centrale thermique du Gol, de la clinique de Sainte-Clotilde, de la société Aludéco-Alupose et de la Maison familiale rurale de l’Est. Le déclenchement mais surtout la longueur de ces conflits - qui auraient pu être résolus bien plus vite - sont révélateurs du manque de dialogue social dans notre île.
La Réunion est un pays où les rapports sociaux sont encore beaucoup trop marqués par l’héritage du passé colonial. Et cela pose de nombreux problèmes quant à la stratégie de l’indispensable développement durable à mettre en œuvre avec le concours de tous.

Ce qui est grave, c’est que dans ce contexte tendu, certains patrons se sont livrés à un jeu dangereux dans deux de ces grèves. En effet, au Gol et à Sainte-Clotilde, la direction a tenté d’imposer sa volonté aux salariés en utilisant de façon abusive l’institution judiciaire.
En pleine négociations, plaintes ont été portées contre des salariés et on a demandé à la Justice de les condamner. Finalement, à Saint-Pierre, lorsque les salariés se sont présentés devant le tribunal, les plaintes ont subitement été retirées. On ne pouvait pas mieux montrer que ces plaintes étaient purement “tactiques”. Une provocation totalement gratuite.

Tout cela est-il intellectuellement bien honnête ? Et en quoi est-ce utile pour résoudre un conflit de manière équitable ? Pourquoi prendre ainsi en otages des salariés qui ne font qu’exercer un droit garanti par la Constitution ?
Non seulement une telle attitude contribue à durcir inutilement une grève ; mais de plus, banalisant le recours à la Justice, elle l’affaiblit.
Outre le chantage ainsi exercé contre les salariés, on frôle l’outrage à magistrats, puisqu’on tente de les utiliser comme un jouet à la disposition de certains chefs d’entreprises.
Un jeu dangereux auquel tout patron sérieux doit s’interdire de recourir.

L. B.


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