Un pas en avant, trois pas en arrière

17 février 2011, par Geoffroy Géraud-Legros

Les développements diplomatiques de l’affaire Florence Cassez ont donné lieu à la désormais classique pantomime qui résume la pratique sarkoziste en matière de relations internationales. Première séquence : haussement de ton, gonflements de jabot et de biceps côté français. Le verbe haut, le président de la République a commencé par adresser moult sommations et admonestations au Mexique. La France n’accepte pas les décisions des tribunaux mexicains, dit-il en substance, et l’on va voir ce qu’on va voir. Mais il se trouve que les autorités mexicaines n’ont pas laissé passer la provocation de l’Élysée, et ont, le verbe non moins haut, renvoyé le président français à ses chères études.

La célébration de l’Année du Mexique est vite devenue l’enjeu de ce différend entre les deux chancelleries : estimant que l’Etat de droit dans leur pays était méprisé par leurs homologues français, les dirigeants mexicains ont menacé de boycotter les manifestations.

Le 14 février dernier, le président de la République annonçait que l’Année du Mexique serait dédiée à Florence Cassez. Un geste que ne pouvait pas ne pas relever Mexico, qui réplique en mettant l’Élysée au pied du mur : si cette décision venait à être maintenue, le Mexique se retirerait des célébrations. Le gouvernement mexicain s’appuie sur une vaste campagne de presse anti-française, qui trouve un écho dans le sentiment national, qui a gardé l’empreinte de l’expédition impérialiste menée au Mexique par la France entre 1861-1867.

Seconde séquence : sentant venir le camouflet diplomatique, Nicolas Sarkozy appelle désormais à « conserver son sang-froid » et à la « retenue ». Bref, comme disent les manifestants, la politique présidentielle à l’international, c’est « un pas en avant, trois pas en arrière ». Une chorégraphie un peu grotesque, qui serait comique si elle ne s’effectuait pas aux dépens de Florence Cassez, qui crie à l’erreur judiciaire et dont la famille craint que les gesticulations présidentielles ne gâchent définitivement toutes les chances de voir sa peine de 60 ans abrégée. Du point de vue symbolique, il y a là une nouvelle dégradation de l’image de la France dans le monde. Du Général de Gaulle à Dominique de Villepin, les dirigeants avaient su préserver la représentation d’une France actrice supérieure du concert des Nations, dont la voix s’élevait souvent à hauteur de celle des plus grands. En quelques années, Nicolas Sarkozy aura réussi à donner de la France, qui parvenait jusque-là à maintenir la vitrine du « pays des Droits de l’Homme », l’image d’une petite nation arrogante, vaniteuse et revancharde, aux ambitions démesurées par rapport à la place qu’elle occupe encore sur l’échiquier mondial.

G.G.-L.


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