Une agression repoussée

16 juin 2005

Dans l’édition du “Monde” datée d’hier, Valéry Giscard d’Estaing tire des enseignements du refus du projet de Traité constitutionnel européen par les électeurs français et néerlandais. Selon lui, seules les deux premières parties du texte devaient être envoyées aux électeurs ; la troisième partie, celle qui veut figer dans le marbre de la Constitution une politique économique ultra-libérale, aurait dû être "à la disposition des électeurs dans les mairies".
Ce raisonnement se base sur l’idée que cette partie du traité reprend tous les textes européens déjà en vigueur. Or les Réunionnais savent à quoi s’en tenir sur ce point, car entre le traité qui s’applique actuellement et le texte soumis le 29 mai dernier au référendum, l’expression "mesures spécifiques" a disparu de l’article nous concernant !
En tout cas, pour celui que l’on surnomme "le père de la Constitution", il ne fallait surtout pas soumettre cette troisième partie aux électeurs. Voilà un nouveau déni démocratique qui s’ajoute à tous ceux que nous avons déjà dénoncés. Mais il y a pire encore : interrogé mardi soir par une télévision, V.G.E. déclarait que cette Constitution "n’est pas enterrée", que tôt ou tard les Français finiront par la voter, et que de toute façon "il n’y a pas d’autre texte, il n’y aura pas d’autre projet".
Peut-on imaginer pire mépris des citoyens ? Pire violation des principes démocratiques ? C’est le fait du prince qui nous dit : voilà un texte de loi fondamental qui va régir votre vie pendant des dizaines d’années, c’est le meilleur qui soit, vous devez l’accepter.
Rien que pour cela, les électeurs ont eu raison de voter “non”. Car on ne peut bâtir une société démocratique avec de telles méthodes. C’est cette agression que les Réunionnais ont repoussé victorieusement le 29 mai dernier.

Manuel Marchal


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