Une rentrée à haut risque

16 août 2021, par David Gauvin

Aujourd’hui, l’école reprend ces droits après la pause hivernale. Cette rentrée est marquée, encore, par le sceau de l’incertitude. L’épidémie de coronavirus flambe et les autorités sont dépassées.

Avec un taux d’incidence de 347,69 pour 100 000 habitants, jamais la situation sanitaire n’aura été aussi dégradée à La Réunion. Le Covid-19 et le variant Delta circulent dans toutes les communes de l’île. Malgré ce contexte, la rentrée scolaire se tiendra aujourd’hui. Les enseignants, eux, ont retrouvé le chemin de l’école depuis le vendredi 13 août. Le rectorat affirme que cette rentrée « se fera dans des conditions de grande vigilance des personnels et des élèves ».

Pour le président de la FCPE de La Réunion, la rentrée aurait dû être reportée. « Les conditions ne sont pas réunies pour permettre une rentrée sereine des élèves, assure Daniel Amouny. La situation sanitaire est pire qu’avant les vacances, avec plus de cas et un variant encore plus contagieux et aujourd’hui nous ne voyons aucun moyen mis en place par le rectorat pour sécuriser cette rentrée ». Dans un communiqué, le syndicat SNES-FSU déplore le « silence du rectorat », à l’approche d’une « pré-rentrée mystérieuse ». Le SNES-FSU demande aussi le report de la rentrée.

La rentrée se fera malgré tout suivant le protocole sanitaire d’avant les vacances. Le port du masque sera obligatoire à l’intérieur des écoles à partir du CP. Limitation des brassages, désinfection des surfaces : les protocoles sanitaires restent les mêmes. C’est également le cas du côté des cantines scolaires, où les élèves d’une même classe déjeuneront ensemble, avec un service individuel. Par ailleurs, une classe sera fermée dès un premier cas de covid avéré. En revanche, pour les collèges et lycées, il n’y aura pas de fermeture systématique de classe, mais un isolement pour le cas covid et les cas contacts identifiés. Les parents et les élèves ont gardé en mémoire, ce cauchemar de l’école à la maison. Alors tout le monde fait contre mauvaise fortune bon cœur.

En résumé, on fait comme si de rien n’était. Depuis un an, on n’a pas pris la mesure de l’épidémie. Déjà, l’année dernière nos enfants ont connu une année hachée, faite de protocole fluctuant, de fermeture ou non de classe. Mais, il y a une constante à tout cela, le creusement des inégalités à l’école. Les élèves les plus en difficulté seront toujours seuls face à ce système qui ne fait pas attention à eux, et que dire des parents. Au lieu, d’inventer l’école Réunionnaise du 21e siècle, on tente de sauvegarder un système qui est dépassé. Les enseignants ont fait preuve depuis un an d’une formidable capacité d’innovation pédagogique. Alors, pourquoi ne leur fait-on pas confiance ? Ce sont eux qui sont en face des élèves et du désarroi des parents. Mais cette capacité d’innovation semble gêner leur administration. On peut se demander si l’administration n’a pas intérêt à ce que le système demeure si inégalitaire.

« Les maîtres d’école sont des jardiniers en intelligences humaines. » Victor Hugo

Nou artrouv’

David Gauvin

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